A Tours, manifestation de policiers pour dénoncer une décision de justice

Après la condamnation d’un collègue.

6 mois avec sursis et 18 mois d’interdiction d’exercer : la condamnation est tombée ce lundi 14 décembre. Le tribunal de Tours jugeait un policier de nuit, pour avoir giflé Kevin, fêtard un peu trop alcoolisé. La scène s’est déroulée le 28 juillet dernier en bord de Loire à Tours, Kevin a un comportement agité, sans violence, mais montre ses parties intimes puis se jette dans le fleuve. Les policiers le repêchent, et d’un coup, alors qu’il lace ses chaussures, une claque part.

C’est ici que les versions divergent au tribunal : le policier mis en cause plaide le geste technique, une “stimulation faciale pour le réanimer”. Un geste dans le cadre de sa mission donc. C’est l’avis d’une bonne part de ses collègues… Ce vendredi matin, une centaine de membres des forces de l’ordre étaient rassemblés Place Jean Jaurès, le dos tourné au Palais de Justice, avec les gyrophares allumés et sirènes hurlantes.

Du point de vue des syndicats, “on met notre collègue au poteau alors que sur les faits, il n’y a rien, et pour une claque, on met un terme à sa carrière” déclare Thierry Pouilloux, d’Unité SGP Police 37. Un des policiers de la BAC ne cache pas sa déception “de voir les policiers condamnés 10 fois plus que certains prévenus qui ont un simple rappel à la loi”. Ainsi, un jugement prononcé le même jour, concernant l’agression d’un policier pendant une manifestation de Gilets jaunes, a abouti à 2 condamnations de 4 mois avec sursis… Un “deux poids, deux mesures” entend-on dans l’assistance.

Le policier a fait appel, il y aura un 2e procès

Du côté de l’accusation, le geste technique pour porter secours n’est pas défendable. Deux témoins différents, qui ne se connaissaient pas, une assistante de justice du parquet et un étudiant présent sur les lieux évoquent une violence gratuite de la part du policier sur un individu ne faisant preuve ni d’outrage ni de violence. D’après un des témoins, la gifle a été entendue à près de 40 mètres. Le tribunal rapporte qu’hormis le policier, aucune personne présente sur les lieux n’a évoqué un malaise du jeune homme.

Qu’importe, le jugement en première instance soulève la colère des policiers, certains concèdent simplement et à demi-mot que ce genre de cas est dans une zone grise non couverte par la loi, et qu’il y a “l’intervention telle qu’elle devrait être et la réalité”.

Dans le contexte national actuel, après les déclarations d’Emmanuel Macron et l’affaire Michel Zecler, les policiers que nous avons pu interroger se perçoivent comme mis au pilori, lâchés par le pouvoir politique au moment où ils attendent son soutien. Certains d’entre reconnaissent qu’entre la formation de plus en plus courte et le manque d’effectifs, la hiérarchie qui ne soutient pas toujours ses policiers de terrain, il devient de plus en plus difficile de faire leur métier.

Une affaire dont on a pas fini d’entendre parler, puisque le policier condamné a fait appel. Un second procès se tiendra dans quelques mois.

Pascal Montagne

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