Coronavirus : après 2 mois de crise, le bilan du CHU de Tours

L’hôpital a enregistré 34 décès, 18 personnes sont toujours en réanimation, certaines depuis plusieurs semaines.

Les médecins de l’hôpital de Tours sont clairs : l’épidémie de coronavirus est en baisse dans le département d’Indre-et-Loire. Ces derniers jours, 2 à 3 cas suspects sont hospitalisés au quotidien alors qu’il y en a eu jusqu’à 27 à la fin du mois de mars. Le pic passé, la tension sur les soignants se desserre. Au dernier recensement, 18 malades atteints du Covid-19 étaient hospitalisés en réanimation au CHU, 47 autres soignés en médecine (parfois sous aide respiratoire). 215 patients ont quitté l’établissements guéris. Ces chiffres diffèrent de ceux communiqués par l’Agence Régionale de Santé qui prend en compte l’ensemble des établissements hospitaliers du département et de la région. Par exemple il y a des patients en réanimation ailleurs qu’au CHU (en particulier à la clinique de l’Alliance de Saint-Cyr).

Sur ce graphique : en vert le total des guérisons depuis le début de la crise après une hospitalisation au CHU de Tours, en bleu clair le nombre d’hospitalisations en simultané hors service de réanimation, en bleu foncé le nombre d’hospitalisations en smultané en réa et en rose le total des décès depuis le début de la crise. On constate clairement que le pic d’hospitalisations a eu lieu fin mars-début avril.

En deux mois, 327 personnes infectées par le nouveau coronavirus ont été admises au CHU de Tours, dont 1 tiers placées sous respirateur artificiel, soit une centaine de malades. « Certains ont été sortis d’affaire assez vite mais d’autres sont restés plus de trois semaines dans le service. Les patients qui sont toujours en réanimation ce sont les cas les plus graves, ceux que l’on a du mal à sevrer et qui continuent à avoir besoin de soins respiratoires. Il s’agit pour la plupart de patients qui souffrent de comorbidités (d’autres maladies, NDLR) » explique le Pr Frédéric Patat lors d’une conférence de presse organisée par la direction de l’établissement. Selon le médecin, ces données prouvent qu’il y a eu « un vrai effet bénéfique au confinement » car les courbes ont commencé à baisser deux semaines après son instauration.

Sur ce graphique : en bleu le nombre de nouvelles hospitalisations quotidiennes au CHU et en noir la courbe des décès jour par jour. Là-encore on observe clairement un pic fin mars-début avril.

Quand on observe les données en détail, on constate que les personnes entrées en réanimation sont majoritairement des hommes. 30 ont entre 45 et 64 ans, une dizaine ont plus de 75 ans. Seules 10 personnes de moins de 45 ans ont eu besoin d’une assistance respiratoire par machine (autant d’hommes que de femmes).

L’infectiologue Louis Bernard constate pour sa part qu’à Tours, « le taux de mortalité parmi les personnes hospitalisées est inférieur à 10%, c’est moins que dans les hôpitaux de l’Est de la France »qui font partie des plus touchés avec la région parisienne et les Hauts de France. Pour le Professeur, « l’épidémiologie s’est modifiée avec une transmission du virus au sein de l’établissement via des personnes qui n’avaient pas été détectées auparavant. Nous avions un cluster important en gériatrie qui est en train de se tarir. » Afin d’éviter une reprise des contaminations au sein de l’établissement, les personnes admises dans les prochains jours devront remplir un questionnaire. Cette opération se fera 48h avant l’entrée à l’hôpital, pour se donner le temps de réagir si nécessaire (via un dépistage, par exemple).

Le CHU de Tours a également mené une étude sur l’évolution de l’état de santé des patients, même après leur sortie de l’hôpital. Les résultats ne sont pas très encourageants : « Pour 80% d’entre eux il y a au moins 1 symptôme de la maladie qui persiste un mois après »détaille Louis Bernard. Autres chiffres :

  • 17% sont toujours en arrêt maladie
  • 1 personne sur deux se sent moins bien qu’avant l’infection par le Covid
  • 7% restent plus de 50% de leur temps au lit ou dans un fauteuil
  • 40% des gens ont des troubles persistants du goût et de l’odorat

Ces malades vont continuer à bénéficier d’un suivi par leur médecin généraliste et les spécialistes de l’hôpital, y compris pour les accompagner psychologiquement si nécessaire. Un protocole a également été établi pour les patients qui quittent la réanimation et on vous l’explique en détails sur 37 degrés.

La direction du CHU précise également qu’aujourd’hui il n’y a pas de tension particulière pour les lits en réanimation : « On est en capacité de gérer un événement imprévu comme un accident » assure le Pr Patat. Aux urgences, on compte une grosse centaine de passages quotidiens, dont 10 à 15% pour des suspicions de Covid-19. Un chiffre encore inférieur aux 160 entrées observées avant l’épidémie. Concernant la recherche, le Pr Bernard indique que l’état actuel des expériences menées sur la chloroquine montre que ce médicament est « inefficace lorsque le malade est en réanimation ou nécessite beaucoup d’oxygène. Il pourrait être efficace en prévention ou lorsque la maladie débute mais il a des effets indésirables majeurs, notamment cardiaques donc il faut rester prudents. » De nombreux autres tests sont également en cours (cortisone, médicaments anti-Ebola…) mais « sans résultats formels » pour l’instant.

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