« Projet mal né », « écran de fumée », Titanic… On vous résume le débat (houleux) sur la rénovation des Halles de Tours

C’était mercredi soir en conseil municipal.

« Ce n’est pas un projet clinquant mais élégant » : voilà comment le maire de Tours a défendu sa vision de la rénovation des Halles de Tours mercredi 13 novembre pendant le conseil municipal. Christophe Bouchet a souhaité ouvrir la séance par un point sur l’avancée des procédures en vue d’une transformation du bâtiment qui accueille le marché couvert de la ville. L’idée : remettre les Halles aux normes et au goût du jour avec une architecture moderne, y ajouter un restaurant gastronomique, un jardin sur le toit, un bar lounge ou encore une école de cuisine. Un chantier financé par des fonds privés, et la cession de terrains au promoteur Icade afin qu’il puisse construire 60 logements dans le quartier et rentabiliser son investissement.

Notre article qui résume le projet est à lire ici.

Les plans de l’élu du Parti Radical ont été largement critiqués par plusieurs voix de son opposition. Et ça a duré 2h. Voici ce qu’il faut retenir…

Nicolas Gautreau du groupe Les Démocrates a attaqué le 1er en rappelant qu’à la fin de l’été, 70 commerçants du quartier avaient signé une pétition pour s’opposer aux envies de la municipalité : « Je reste convaincu que ce projet est un écran de fumée. Ces travaux vont mettre les commerçants dans une situation difficile : 4 à 5 ans de travaux ce n’est pas viable même si comme vous l’annoncez il n’y aura que 4 jours de présence des ouvriers par semaine et rien en période de fêtes. »

Elu d’opposition LREM, Pierre Commandeur a également appuyé sur les désaccords entre la ville et les propriétaires de magasins des Halles en comparant le maire de Tours au capitaine du Titanic : « Dès le début ce projet s’est heurté à un iceberg. Il coule doucement et vous faites comme si de rien n’était. On a perdu un an sans réelle concertation. Les commerçants veulent simplement être écoutés et entendus. » « Ce projet est mal né, les commerçants ne parviennent pas à se projeter » complète l’écologiste Emmanuel Denis.

Il reconnait une seule erreur : un manque de communication du promoteur Icade pendant 6 mois auprès des commerçants, ce qui a renforcé leurs inquiétudes. « Il faut qu’on fasse ces travaux » tonne Christophe Bouchet rappelant qu’un précédent projet de rénovation avait échoué sous la gouvernance du maire socialiste Jean Germain (1995-2014) « 300 000€ ont été dépensés pour des études qui n’ont pas abouti. » Manifestement insuffisant pour convaincre : « ce projet économique est mal ficelé » affirme la socialiste Cécile Jonathan tandis qu’Emmanuel Denis s’inquiète de l’architecture en verre du futur bâtiment « qui va créer un effet de serre alors que l’on subit le réchauffement climatique. » Il critique aussi le risque de « gentrification » du quartier (avec des logements chers) : « Est-ce le rôle d’une collectivité d’encourager la spéculation immobilière ? »

Au-delà, les critiques de l’opposition concernent surtout l’aspect financier du dossier : Nicolas Gautreau craint que les commerçants qui approchent de la retraite ne parviennent pas à vendre leur stand ou leur boutique à cause des pertes de chiffre d’affaire pendant le chantier. Il s’étonne aussi de la différence entre le premier budget annoncé (50 millions d’euros) et le nouveau chiffre dévoilé vendredi 8 novembre par le maire de Tours : 16 millions d’euros. « Quel est le montage financier ? » a-t-il demandé. Réponse : « Les chiffres sont cohérents. 16 millions d’€ de travaux sur le bâtiment cela correspond à un budget total de 30 à 35 millions d’euros (notamment avec le parking souterrain qui doit être agrandi, ndlr) auxquels s’ajouteront 10 millions d’€ pour les aménagements urbains autour des Halles » précise Christophe Bouchet.

« Vous cédez une partie du patrimoine de la ville ! » s’est offusqué le communiste Pierre Texier. « Quelle est la valeur des m² offerts par la ville à Icade ? » interroge pour sa part le centriste Xavier Dateu du groupe Tours, Tours Métropole, Touraine. « Il n’y aura pas de pluvalue immobilière pour la ville » s’est défendu l’adjointe au maire Danielle N’Gongi.

La majorité a ensuite répondu à plusieurs inquiétudes :

  • La halte garderie installée actuellement au sud des Halles sera démolie mais transférée au rez-de-chaussée d’un des immeubles de logements inclus dans le projet
  • Les terrasses créées pour les commerçants du côté ouest des Halles seront préservées malgré la création d’une rue à double sens devant leurs portes
  • Les immeubles de logements feront respectivement 3 étages au sud des Halles et deux étages à la place du parking de la Place de la Grosse Tour, + des combles
  • La salle polyvalente des Halles disparaîtra mais à la place la ville pourra occuper une salle privée des nouvelles Halles pendant 700h chaque année afin d’accueillir des réunions ou des manifestations (spectacles, bourse aux disques de Radio Béton…)
  • Les 3 associations logées aux Halles toute l’année seront relogées à la Maison des Associations en cours d’aménagement dans l’ancien collège Pasteur du Sanitas

A en croire le maire de Tours et son équipe, tout serait donc bien ficelé et prêt à démarrer dès l’an prochain et jusqu’en 2025 : « les sujets avancent et se feront. » Mais clairement il n’a pas réussi à convaincre ses opposants. Nul doute que le sujet sera un point central de la campagne électorale qui s’annonce. En cas de changement de maire en 2020, il n’est pas exclu que le projet soit profondément amendé voire repris à zéro.

Olivier Collet

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