Le grand défi marin de ce Tourangeau va faire un tabac

Laurent Jubert prendra le départ de la Route du Rhum en novembre, pendant le Moi(s) sans Tabac. Un défi sportif pour faire de la prévention.

Parmi les grandes courses marines au monde il y a le Vendée Globe, la Solitaire du Figaro, la Transat Jacques Vabre… et la Route du Rhum. Ça fait 40 ans que des skippers tentent chaque année de rallier la Guadeloupe depuis la Bretagne le plus rapidement possible, « les meilleurs mettent 6 jours » explique Laurent Jubert. Lui sait déjà qu’il lui faudra quelques semaines de plus et il sera content s’il parvient à toucher terre avant le 2 décembre, date limite pour être classé. « Mon objectif c’est surtout d’arriver » insiste ce Tourangeau qui a le pied marin depuis ses expériences de scout en mer à 5-6 ans. Cela dit, son métier est un peu plus terre à terre : il est kiné, spécialiste de la respiration.

Un entraînement digne d’un sportif de haut niveau

Un kiné sur la Route du Rhum ? Oui, et pas dans l’encadrement de l’épreuve : Laurent Jubert s’est inscrit pour disputer cette course, en solitaire, sur un voilier de 16m aussi âgé que la compétition. Son nom sonne très ligérien : Renaissance.

Son projet a commencé à sortir de l’eau il y a un an, dans le cadre de son engagement pour l’Espace du Souffle… Depuis 2009, cette association basée Boulevard Wagner réunit des professionnels de santé, des profs de sport, des associations pour faire de la formation ou de la prévention. Forcément, on y parle du tabac, en cherchant des moyens originaux d’alerter sur les dangers de la cigarette. « Et pourquoi pas participer à la Route du Rhum et publier tous les jours des vidéos de prévention ? » suggère en substance Laurent Jubert qui a choisi cet événement parce qu’il se déroule en novembre décrété « Moi(s) Sans Tabac » depuis 2016, soit une opération de communication pour accompagner fumeuses et fumeurs souhaitant ranger leurs briquets.

« Arrêter de fumer pendant un mois complet c’est 5 fois plus de chances d’arrêter pendant un an, et c’est au bout d’un an sans tabac que l’on a de réelles possibilités de ne pas reprendre » explique le professionnel. Laurent Jubert ajoute qu’un mois, c’est aussi le temps nécessaire pour apprendre à se passer des antidépresseurs contenus dans la nicotine, « une drogue plus difficile à stopper que l’héroïne. » Un mois, c’est le temps qu’il se donne pour traverser l’Atlantique en solo sans avaries. Un défi stressant, mais motivant, pour lequel il s’entraîne jour et nuit depuis le printemps, en apprenant par exemple à dormir par tranche de 20 minutes toutes les deux heures et à s’alimenter tout au long de la journée pour prendre un rythme de marin, une routine afin d’être opérationnel à tout moment pour diriger le bateau.

Un mât qui fume avant le départ… puis qui s’arrête

Jusqu’au grand départ du 4 novembre, Laurent Jubert va enchaîner les séances de navigation et les entraînements physiques, quitte à se détourner un peu de sa patientelle habituelle, et de sa famille (sa femme et ses enfants). La phase la plus intense débutera en octobre avec les ultimes préparatifs, une période où l’homme de 43 ans ne mettra plus les pieds dans son cabinet pour se consacrer à la mer et à cette goélette en acier « qui a déjà fait le tour du monde, mais pas conçu pour être manœuvré par un seul homme avec ses 20 tonnes ». Il a donc fallu l’adapter un peu, puis prouver qu’il savait s’en servir afin de se qualifier pour la traversée : un sésame obtenu après un aller-retour d’une semaine jusqu’en Espagne.

Pour se faire remarquer parmi les 123 embarcations inscrites à la Route du Rhum 2018, Laurent Jubert a trouvé une tactique : son mât fumera avant de lever l’encre, puis stoppera tout pour se contenter de prendre de l’énergie via l’air pur de la mer, à la force du souffle. Belle métaphore du kiné tourangeau qui compare son effort à celui d’une personne qui tente de se séparer de la clope.

Un budget qui reste à compléter

Plus petit budget de cette Route du Rhum anniversaire, le projet Le Souffle Court a encore besoin de financements pour parvenir à réaliser tous ses objectifs, « il nous manque 100 000€ sur une enveloppe de 300-325 000€ » précise Laurent Jubert, à la recherche de soutiens privés (apparemment pas simples à obtenir, les entreprises hésitant parfois à soutenir la lutte contre le tabac). Les particuliers peuvent aussi participer via une cagnotte en ligne ou des achats chez des commerçants partenaires.

Au fait, promis : même s’il part avec des réserves pour 40 jours avec à boire et à manger, le kiné tourangeau n’emportera pas la moindre cigarette à bord. En revanche il aura une caméra et publiera un carnet de bord à partir du 4 novembre avec deux vidéos quotidiennes sur les réseaux sociaux, « une sur la vie à bord et l’autre sur le tabac. »

Olivier Collet

La page Facebook du Souffle Court pour suivre l’aventure.

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