Une Tourangelle invente des jeux de grammaire pour les enfants… et les parents

Elle écrit aussi des contes où les personnages sont des mots. Et ça marche.

C’est le genre d’article où l’on a encore moins le droit que d’habitude de faire des fautes. A l’occasion de la rentrée scolaire, nous avons rencontré Christine Argensse. Cette psycholinguiste qui enseigne à la fac de Tours est arrivée en Indre-et-Loire en 2004. Son métier actuel n’est pas le premier. « Mon fils a été diagnostiqué dyslexique à ses 6 ans. A ce moment-là, à la fin des années 90, on ne faisait pas encore beaucoup de choses pour les aider. Alors j’ai commencé des formations… »

Une licence et un master plus tard, Christine Argensse commence à donner des cours particuliers, notamment à des enfants dyslexiques. « Le langage écrit, c’est un code. Et si on n’a pas tous les éléments, ça ne marche pas » commente-t-elle aujourd’hui. A défaut de simplifier ce code, elle essaie de le rendre plus ludique, en utilisant le jeu, « et les enfants adorent ! En fait tout dépend de la façon dont on leur présente les choses. »

« La bataille de verbes », « La fabrique d’adjectifs »…

Il y a trois ans, l’enseignante commence donc à plancher sur la réalisation d’un livre pour raconter la grammaire aux plus jeunes… « Comme l’école ne va pas changer tout de suite, je me suis dit qu’il fallait présenter la grammaire de façon à ce que les parents puissent la lire aux enfants. » Il ne s’agit pas de recréer une ambiance de classe à la maison, mais au contraire d’emmener l’enfant dans un monde où les mots, les adverbes et les pronoms sont les personnages d’histoires amusantes… « Pour eux c’est une bonne façon de faire travailler leur mémoire. »

Pour Christine Argensse, beaucoup de choses se jouent à la maison. Ça passe par exemple par un environnement de travail adapté : « trop d’enfants sont mal assis à leur bureau ce qui ne leur donne pas envie d’y rester. » Autre point important : la régularité des exercices. « On peut en faire à tout moment, d’autant que cela arrive souvent de voir un enfant qui dit qu’il s’ennuie. Par exemple, dans les embouteillages, c’est parfait. Avec mon fils on habitait à la campagne donc on prenait souvent la voiture. Eh bien à chaque trajet, je jouais. » Son fils, Christine Argensse en est fière : « il a eu son bac avec mention Très Bien et vient d’intégrer l’école 42 de Xavier Niel (le patron de Free, ndlr). »

« Apprendre des listes ça ne sert à rien »

Sûre de sa méthode, la prof tourangelle a donc autoédité un livre pédagogique avec 50 jeux. Ils s’intitulent « La bataille de verbes », « Le ping pong » ou « La fabrique d’adjectifs » : « à chaque fois j’explique à quoi ça sert, ce que cela fait travailler. L’idée c’est de mixer des jeux très faciles pour que l’enfant soit en confiance avec d’autres qui sont plus compliqués. » Joliment illustré, le petit livre « est le résultat de trois ans de travail et je suis contente parce que je reçois déjà des témoignages de parents qui me disent avoir fait tel ou tel jeu. J’ai même eu des photos ! »

« Ce que je veux, c’est que les enfants se disent que la grammaire c’est logique. Apprendre des listes ça ne sert à rien » poursuit encore Christine Argensse qui écrit aussi des contes sur les exceptions de la langue française. Elle espère ainsi voir arriver une génération d’enfants qui aiment écrire, lire, parler : « le problème aujourd’hui c’est qu’il y a une baisse de volume du vocabulaire. On utilise toujours les mêmes mots. Il y a un manque d’agilité. Jouer avec les mots, c’est de la gymnastique. On bondit… et on rebondit sur le sens, c’est très amusant. »

Souriante, dynamique, volontaire, Christine Argensse se veut aussi un peu alarmiste : « si on ne revient pas très vite à un bon niveau de langage, on va droit dans le mur. C’est notamment très important de bien s’exprimer lorsque l’on envoie une lettre de motivation. » Pour autant, pas question pour elle de jeter la pierre sur les enseignants : « ce n’est pas leur faute. On leur rajoute plein de trucs, on diminue les heures… Ils ne peuvent pas tout faire. C’est pour cela que les parents doivent les aider. » Et au passage, ils pourront faire quelques révisions. Ça n’a jamais fait de mal à personne !

Olivier COLLET

« L’écrit est un jeu d’enfant » de Christine Argensse est à commander ici.

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