A Tours Nord, des serres et des légumes sur le toit des HLM

Des serres vont être construites au-dessus d’un immeuble qui verra le jour en 2019.

75 logements sociaux du T1 au T5 avec leur place de parking (soit 4 600m²) doivent être construits à partir de juillet prochain au Chemin de la Milletière à Tours Nord, dans le quartier Monconseil. Et en septembre 2019, cet immeuble de 3 étages avec 3 cages d’escalier sera le 1er bâtiment d’habitation d’Indre-et-Loire à disposer… d’un champ de légumes sur son toit, en d’autres termes : une microferme.

Ca fait quelques temps maintenant que l’on nous parle d’agriculture urbaine. Il y a eu la mode des poules sur les balcons, par exemple. Sans oublier évidemment les ruches en ville (on en trouve à Tours, notamment dans le quartier des Deux-Lions ou sur les résidences de Val Touraine Habitat). Mais se servir du toit d’un immeuble pour faire de la culture, c’est vraiment un concept expérimental. Un joli coup de com’ pour Tours Habitat, principal bailleur social de la ville avec 15 500 logements et 40 000 locataires. « Ca fait environ deux ans que l’on réfléchit à la façon de mener une opération vraiment emblématique et originale sur ce que pourrait être l’habitat de demain » explique Grégoire Simon, le directeur de Tours Habitat qui construit en moyenne une centaine de nouveaux appartements par an.

Monconseil étant défini comme un « écoquartier », c’est tout naturellement vers ce secteur de la ville que s’est portée toute l’attention : « on commence à parler de plus en plus du concept d’autosuffisance alimentaire, d’une envie de consommer une culture maraîchère de proximité… Des expérimentations ont été lancées avec des jardins partagés en toiture par exemple. Les toitures pour ça c’est idéal : ce sont de grands espaces que l’on n’utilise pas… sauf pour mettre des antennes. Dans les années 80-90 on avait installé des panneaux solaires mais ça n’avait pas été concluant. Là, la culture ça nous paraissait une bonne idée. Mais il ne fallait pas que ce soit anecdotique, l’objectif c’est que le maraîcher soit autonome. »

En clair : tout a été pensé pour que l’agriculteur qui s’installera sur et autour de cette résidence baptisée « Les Jardins Perchés » puisse vivre avec 2 000m² d’espaces cultivables : « nous avons mené une étude avec l’association Fermes d’Avenir qui a prouvé que dans un premier temps le maraîcher pourrait dégager un SMIC, et autour de 2 000€ par mois à l’horizon de 3-4 ans » poursuit Grégoire Simon qui se base aussi sur une étude de l’INRA montrant qu’avec 1 000m² il est possible de s’en sortir grâce à la permactulture, sans mécanisation, ni engrais et un travail 100% manuel. De plus, si la surface est faible, elle est compensée par l’installation de 776m² de serres, sur le toit. Des potagers seront également aménagés au bas du bâtiment : « ce que l’on voulait c’est que les locataires puissent aussi profiter d’espaces verts entretenus sans que cela ne leur coûte rien. »

Coût total de la construction des serres sur le toit : 700 000€ pour un chantier dont le coût total est de 9,7 millions d’euros. Tours Habitat paye tout : les serres et l’aménagement des espaces de culture, le bailleur ayant fait en sorte de faire des économies sur le reste de l’opération pour financer son innovation « nous sommes à 2 140€ du m² contre 2 134€ pour nos autres opérations » détaille le directeur. Mais ce n’est pas tout, il a fallu penser à plein de trucs pour éviter les aléas : pour aller sur le toit, l’ascenseur sera partagé avec les locataires mais un dispositif a aussi été prévu au cas où il tombe en panne et que ce soit en plein dans une période de récolte. Il a aussi fallu pallier aux risques de chutes de légumes sur les balcons ou le sol et surtout renforcer le toit afin qu’il puisse supporter jusqu’à 1 tonne au m² quand un plancher classique est prévu pour 350kg : « nous avons renforcé l’étanchéité avec 10cm de béton, 5cm de cailloux et 40cm de terre (ou plutôt de substrat, ndlr) » précise Clément Mignet, directeur développement et aménagement.

Autre condition sine qua non pour le futur maraîcher : pas de pesticides, « à cause de la proximité avec des habitations. » En revanche, comme les serres sur le toit ce n’est pas de la culture en pleine terre, il ou elle ne pourra pas se convertir en bio. « On a cherché un dispositif économiquement viable, l’idée c’est que demain d’autres communes s’y intéressent » ajoute le directeur Grégoire Simon qui cherche désormais qui pourra exploiter le site. Un appel à candidatures est ouvert jusqu’au 26 février, pour les professionnels. Le lauréat signera une sorte de bail et pourra éventuellement bénéficier d’un appartement dans l’immeuble. Il sera ensuite libre de ses choix (on peut imaginer des actions avec les habitants, une vente directe des légumes aux locataires…). Même si le bailleur affiche sa confiance dans la réussite de cette initiative, Tours Habitat attend en revanche de pouvoir faire son bilan précis avant d’en lancer d’autres.

Olivier COLLET

Découvrez le projet en images ci-dessous et plus d’infos sur www.les-jardins-perches.fr

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