Entre Tours et Marrakech, le projet à succès de lycéens tourangeaux

Leurs distillateurs solaires installés au Maroc ont déjà été doublement primés.

Ils s’apprêtent à passer leur bac français mais ils ont bien souvent la tête tournée vers l’autre côté de la Méditerranée. Rohan et Waldan sont en première et ils font partie des 6 élèves du lycée Vaucanson de Tours (+ Salomé, Justine, Kilia et Thomas) engagés dans le projet Ditilla’Sun, destiné à construire des distillateurs solaires pour permettre aux Marocains de Marrakech et de sa région de distiller de l’eau de rose ou de fleur d’oranger de manière simple et écologique.

Ce n’est pas la première fois que l’on évoque les échanges entre Vaucanson et Marrakech. En fait tout a commencé en 2012, sous l’impulsion d’Emmanuel Thibault, un prof de science qui a noué des partenariats avec plusieurs lieux importants de la ville : la Fondation Dar Bellarj (qui organise notamment des expositions et que nous avions visitée l’an dernier) ou encore la Maison de la Photographie, un musée très actif dirigé par un Français.

Mais plus le temps passe et plus les projets avancent, prennent de l’ampleur. A l’origine, les jeunes tourangeaux ont commencé à travailler sur des projets de fours solaires permettant aux Marocains de faire cuire leurs repas en faisant des économies substantielles : « au Maroc le Soleil est plus vu comme un inconvénient qu’une source d’énergie » explique l’enseignant qui se rend plusieurs fois par an sur place avec les ados pour suivre l’avancement des partenariats et les développer. Ainsi, il y a environ un an, son expertise et celle de ses élèves a été sollicitée afin de concevoir des distillateurs fonctionnant à l’énergie solaire et qui permettraient de produire de l’eau de rose ou de fleur d’oranger, deux produits pour lesquels le pays est réputé.

Après quelques tests, la combine est trouvée. En résumé : une parabole d’au moins 1m de diamètre est recouverte de miroir et reliée à une cocotte minute peinte en noir et équipée d’un dispositif réfrigérant. La recette : 1l d’eau, 1kg de plantes et 1h de distillation. 3 distillateurs ont été fabriqués pour une centaine d’euros avec du matériel de récupération, ce qui est trois fois moins cher que les distillateurs classiques que l’on trouve au Maroc, le côté écolo en plus. Et ça tombe bien : après la grande conférence sur l’environnement de Paris en décembre dernier, la COP21, Marrakech accueillera la COP22 en novembre. Et Tours y sera représentée grâce à Distilla’Sun également reçu ce printemps dans les jardins du consul de France à Marrakech.

Basé sur l’échange avec les Marocains, le projet intègre aussi une dimension théâtrale. Une pièce avait déjà été montée il y a quelques mois et jouée à Tours, une autre est en préparation et sera présentée début octobre lors de la venue d’un groupe d’une dizaine de Marrakchis dans notre ville pour la Fête de la Science. Elle est co-écrite par les élèves français et des jeunes Marocains et inspirée de la création des distillateurs. Une représentation aura lieu à Chédigny, le village des roses, intéressé lui aussi par un partenariat (vu qu’on parle notamment d’eau de rose).

Dans un avenir proche, les Tourangeaux prévoient de participer à des ateliers avec des femmes de la Medina et se sont déjà investis la vie d’un grand centre de loisirs écologique – Terres d’Amanar – monté par un Français à 60km de Marrakech, près de l’Atlas (on y utilise un distillateur). Le lieu accueille aussi bien des touristes que des élèves du pays avec une volonté de faire au maximum dans le développement durable (recyclage des déchets, station d’épuration sur place…) tout en ne faisant travailler que des Marocains.

Toutes ces initiatives nécessitant un fort investissement en plus des cours sont particulièrement remarquées : après avoir déjà été récompensé au Texas et aux Olympiades de physique, les élèves d’Emmanuel Thibault ont obtenu un 1er prix au concours C Génial remis en présence de la ministre de l’éducation ainsi qu’une médaille d’or du concours Lépine décernée lors du dernier salon des jeunes inventeurs à Monts. Soutenus par la région, ils viennent aussi de réussir une campagne de financement participatif de 2 000€ pour financer leurs voyages et la poursuite de leurs activités en attendant peut-être de repartir au Texas avec le concept du distillateur solaire…

Olivier COLLET

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