La loco vapeur 231E41, un atout touristique majeur en Touraine

Le département veut en faire « l’Hermione du rail ».

On se souvient de la ferveur nationale quand l’Hermione a quitte les côtes françaises pour rejoindre l’Amérique… Le navire historique, reconstitué à Rochefort (en Charente Maritime), est un joyau des mers mis à l’eau après des années et des années de travail, mais surtout grâce à l’investissement des équipes qui ont travaillé sur sa construction.

 

On se souvient aussi de l’émotion populaire pour le départ de la locomotive 231E41 exposée pendant 40 ans sur un rond point de St-Pierre-des-Corps. Depuis bientôt 4 ans, la belle machine à vapeur – propriété de la commune – se refait progressivement une beauté dans un hangar situé de l’autre côté des voies ferrées, dans la zone des Grands Mortiers, à quelques encablures du marché de gros et du Point Haut.

Un projet touristique à 3 millions d’euros

Aujourd’hui, cette zone industrielle n’est pas le site le plus sexy de la métropole tourangelle… Pourtant, on y voit régulièrement du monde. Ainsi, pour les Journées du Patrimoine, 2 200 personnes sont venues rendre visite à la Loco en septembre. Chaque week-end, l’association qui s’occupe de sa restauration peut aussi accueillir les visiteurs désireux d’observer les bénévoles au travail. Bientôt, ils viendront peut-être par centaines …

Lors de la dernière session du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire, son président Jean-Gérard Paumier a fait part de son soutien à un projet d’aménagement des lieux pour en faire un site touristique, un chantier ouvert au public comme l’était celui de l’Hermione. Piloté par la société qui gère le Château de Langeais ou un train touristique de l’Ardèche, le projet est estimé à 3 millions d’euros pour créer un véritable musée dans le hangar ainsi qu’un parcours permettant aux visiteurs de découvrir la loco à vapeur sous tous les angles, sans pour autant empêcher les ouvriers bénévoles d’avancer.

60 à 90 000 visiteurs espérés chaque année

Actuellement, on en est encore au stade des recherches de financement pour que l’ambition devienne réalité… Vu le discours du président du département, ce dernier devrait sans doute s’y investir, Jean-Gérard Paumier étant venu à deux reprises visiter les lieux aux Journées du Patrimoine. La Métropole, toujours en quête de rayonnement, pourrait aussi se trouver séduite. On estime que 60 000 visiteurs pourraient venir dès la première année, 80 voire 90 000 à terme, et ce pendant toute la durée du chantier, soit environ une dizaine d’années. Le prix des billets servirait alors à rentabiliser l’investissement et, bien sûr, à financer les rénovations estimées à environ 2 millions d’euros. « On veut créer une émulsion » explique Nicolas Perrodin, l’un des membres de l’association de restauration.

L’objectif est connu et ambitieux : remettre cette machine sur les rails alors qu’elle n’a plus tracté un train depuis 1967, soit presque 30 ans après sa mise en service, en janvier 1938. Le chantier se fait par étape avec l’aide de la centaine de bénévoles de l’AATV (dont une partie de cheminots, des retraités et des passionnés). Associés à la fondation La Loco, ils sont une grosse vingtaine à être réellement actifs dans les ateliers. En 4 ans, ils ont en partie démonté la machine de 14m et 106 tonnes, soit 10 000h de travail (mais peu de dépenses, c’est surtout de la mécanique).

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Les opérations minutieuses, colossales, sont menées sans garantie totale de réussite. La machine a souffert de ses 40 ans passés à l’air libre de 1974 à 2013… Elle est rouillée, trouée à cause des infiltrations d’eau… De plus, de nombreuses pièces à remplacer ne peuvent plus être produites en France. D’ici quelques semaines, l’association attend le verdict de l’expertise de la chaudière menée en milieu d’année par une entreprise italienne. Il faudra sans doute 500 000€ pour la remettre en état, une enveloppe similaire devra être consacrée aux essieux ainsi qu’au tender (situé derrière la machine, c’est là où l’on stocke le charbon).

Ces sommes, l’association n’en a pas besoin en une seule fois mais par étapes, au fil de l’avancée du projet. D’où aussi l’intérêt de cette ouverture au public vu que la mission sera longue. Si elle aboutit, la 231E41 sera alors un objet rare : l’une des seules machines à vapeur capable de rouler sur le réseau ferré national français. A noter qu’il y a en a une autre dans la région, basée à Fleury-les-Aubrais. Elle réalisera un aller-retour en direction de Tours le 16 décembre prochain, à l’approche de Noël.

Ce jour-là, c’est sûr, il y aura foule. Chaque arrivée de train à vapeur est un événement pour le public. Les plus anciens sont nostalgiques, et les plus jeunes sont toujours captivés. Exemple lors du passage de la 241 P 17 il y a peu…

 

Ces monuments sur rails sont des joyaux du patrimoine… Alors on imagine bien l’écho que pourrait avoir le projet de St-Pierre-des-Corps, notamment quand la loco fera ses premiers essais extérieurs voire mieux, quand elle pourra de nouveau transporter des voyageurs, ce qu’elle a fait pendant des années entre Paris et Calais. Et même si elle n’a jamais tourné en Indre-et-Loire, c’est déjà une fierté locale : son ingénieur est Tourangeau d’adoption et une de ses pièces a été conçue en Touraine. Ici, nous sommes à la fois dans le berceau de la Renaissance et sur une place forte du ferroviaire, un atout à mettre en valeur. Après tout, qui n’a jamais joué avec un petit train ?

Olivier Collet

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