[Face à face] Saint-Pierre-des-Corps : conseil municipal enflammé autour du Magasin Général

Près de 2h de débat et de fortes tensions.

[Face à face] c’est une rubrique d’Info Tours pour comprendre tous les aspects d’une polémique en 2 minutes.

 

Le Magasin Général de Saint-Pierre-des-Corps, c’est cet ancien site SNCF construit dans les années 1920, désaffecté depuis des années et racheté par la commune il y a 12 ans. Un superbe bâtiment industriel qui se délabre petit à petit mais qui pourrait bientôt avoir une nouvelle vie… Beaucoup de monde en rêve depuis longtemps, la mairie corpopétrussienne s’active pour que ça fonctionne. Mais le projet en cours cristallise les oppositions contre lui…

Voici le plan que le maire a annoncé le 1er juin : vendre le Magasin Général au groupe Vinci pour 3 millions d’€, celui-ci se charge de la rénovation pour un montant estimé à 50 millions d’€ puis le site devient le siège social d’une société du secteur des biotechnologies encore mystérieuse mais en lien avec l’Université de Tours. Selon Emmanuel François, il y a la promesse de faire travailler 1 000 personnes d’ici quelques années, mais aussi d’ouvrir en partie le lieu au public via un espace restauration et un lieu d’exposition.

Une demande pour repousser la vente

Le contrat de vente aurait pu être scellé ce mardi 29 juin lors du conseil municipal organisé à la salle des fêtes… mais finalement rien ne figurait à l’ordre du jour. L’opposition a quand même fait en sorte qu’il y ait un débat via un vœu présenté par l’écologiste indépendant François Lefèvre. Il a dénoncé la procédure de la mairie, la jugeant inéquitable (le 31 mai elle a désigné Vinci comme interlocuteur privilégié face à 4 autres dossiers). Son but est alors d’obtenir un report de la décision finale :

« Vinci a eu au moins un an pour préparer techniquement et financièrement son projet quand certains ont eu moins d’un mois pour le faire. Or ils mériteraient d’être approfondis pour limiter l’impression d’inachevé. Par ailleurs, quand on voit l’engouement, on pourrait lancer un véritable appel d’offres avec l’idée de créer sur ce site des emplois nouveaux, des services, des activités. On n’a qu’un seul Magasin Général. On ne peut pas s’en débarrasser pour faire de la trésorerie. Il faut le valoriser. »

Le maire a répondu face à un public d’une centaine de personnes composé en partie de membres du collectif Le Réveil du Magasin Général, porteur d’un des dossiers de rachat, avec l’idée d’en faire un tiers-lieu accueillant des entreprises mais étant aussi à vocation artistique ou touristique :

« Je suis d’accord il faut sauver le Magasin Général. C’est la première chose que j’ai voulu faire en arrivant il y a un an. Notre projet revalorise le patrimoine industriel. Il est unique en Europe et permettra notamment de développer de la recherche. Tout le tissu local va en profiter. Un tel chantier c’est inédit depuis 40 ans ! »

S’en est suivi un très long débat, très houleux, rythmé par les applaudissements du public pour certaines prises de parole de l’opposition de gauche, ou des invectives directes de spectateurs envers Emmanuel François. Ambiance irréelle dans une assemblée démocratique… Ancien membre de la majorité aujourd’hui dans un groupe indépendant, Nabil Benzait a notamment plaidé pour que ce ne soit plus la ville mais Tours Métropole qui prenne le dossier, capable de redynamiser la partie Est « délaissée » du territoire :

« Nous voulons un projet bien réfléchi souhaiterions que les études de mise en sécurité et de structure soient portées par l’agglomération. »

Certaines études ont déjà été faites dès 2017. Le maire s’est engagé à les rendre publiques. En revanche il doute de l’intérêt de l’agglo pour le bâtiment, « car sinon elle s’en serait déjà occupé depuis longtemps. »

C’est après que la tension est vraiment montée : « On a bien compris que la seule chose qui vous intéresse c’est les 3 millions d’€. Vos 1 000 emplois c’est du pipeau. A aucun moment vous ne donnez des précisions sur leur nature ou alors vous êtes un cachotier. Je crains que ce soit un transfert, que l’on déshabille Pierre pour habiller Paul » déplore le communiste Michel Soulas. « Vous vouliez qu’on passe à côté ? » lui répond Emmanuel François. L’élu d’opposition se cabre :

« Vous n’avez pas mesuré l’impact historique, affectif et émotionnel du Magasin Général. Ce que l’on entend dans la rue c’est que ce patrimoine doit être redonné à la ville. »

« Le développement économique doit être réfléchi, égalitaire » poursuit un autre membre de l’opposition, Cédric Rosmorduc notant qu’un autre porteur de projet avait mis 5 millions d’€ sur la table, donc plus que Vinci. « Vous avez choisi Vinci parce que vous les aimez bien. Vous bradez le site sans ouverture au public c’est une ineptie » a-t-il accusé. « Ce n’est pas Vinci qui m’intéresse mais le projet derrière » assure le maire, visiblement agacé.

3 véhicules de police devant la mairie

Face à un Emmanuel François faisant la sourde oreille, et un public déchaîné, l’opposition a tenté de demander un référendum… enchaînant les arguments pour tenter de repousser l’échéance : « A part des salles blanches, un espace de coworking et de restauration il n’y a rien dans le projet de Vinci. Il y a peut-être moyen de le valoriser autrement avec un projet plus enrichissant. Que la discussion ne se fasse pas sur la qualité du dossier mais le contenu » dit François Lefèvre. « Si on laisse plus de temps au Réveil du Magasin Général pour trouver les finances, on aura un dossier qui détaillera concrètement le développement d’emplois locaux, durables. Je n’arrive pas à comprendre comment vous fonctionnez. Vos méthodes sont autoritaires » a souligné le socialiste Cyrille Jeanneau.

En face, Emmanuel François a défendu « l’urgence » pour sauver le bâtiment, et il a été suivi par sa majorité qui a rejeté le vœu (19 voix contre, 11 pour). Le sujet reviendra sur la table lors du vote pour la vente. A noter que juste avant le scrutin à bulletin secret, il y a eu une interruption de séance car l’opposition s’est élevée contre le signalement de 3 véhicules de police devant la salle en cas de tensions. Ils ont fini par partir sans qu’on sache qui les avait appelés… C’est en tout cas un signe que le climat est électrique dans cette commune, et on en parle sur 37 degrés.

Olivier Collet

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