35 ans de souvenirs pour Hervé Pagé, pompier à Montbazon

Il raconte ses interventions les plus douloureuses mais aussi les plus émouvantes.

« Je pourrais vous faire un bouquin » s’amuse Hervé Pagé quand on lui demande de nous raconter quelques souvenirs marquants de sa carrière de pompier… A la caserne de Montbazon, tout le monde l’appelle « Le Vieux », « parce que je suis celui qui a le plus d’ancienneté ici. Cette caserne je l’ai vue se construire » raconte le soldat du feu qui fait par ailleurs partie du comité d’organisation du Congrès Régional des Sapeurs Pompiers que le centre de secours du Val de l’Indre organise ce week-end (23-24 septembre). Un événement, car jusqu’ici la manifestation était organisée à Tours quand elle avait lieu en Indre-et-Loire.

Arès une intervention, un débrief au cul du camion

« La première fois que j’ai voulu devenir pompier, c’était vers 7-8 ans » se remémore Hervé Pagé. Mais « mes parents m’en ont empêché. Ils trouvaient que c’était trop dangereux. » Alors, le 1er avril 1982, « dès que j’ai été en âge de partir à l’armée je me suis engagé auprès des pompiers de Paris qui ont le statut de militaire. » Le début d’une longue aventure faite de hauts, et de bas : « je me souviens de ma première intervention… Une personne venait de se jeter sous le métro. Quand on est confronté à des drames comme ça, on fait son travail. Les images viennent ensuite. »

Des images, douloureuses, Hervé Pagé en a de nombreuses dans sa mémoire : « je me rappelle d’un accident de la route, il y a une vingtaine d’années… Une petite fille est décédée dans mes bras alors qu’elle me parlait encore 5 minutes avant. C’est dur à vivre mais au fil du temps on s’endurcit. Il faut savoir laisser ça de côté. Ce qui se passe à la caserne c’est une chose. A côté, il y a la vie de famille. »

Des visites guidées de la caserne aux petits-enfants

Il n’empêche, « certaines images reviennent » reconnait celui qui est aujourd’hui un pilier de la caserne de Montbazon. Il a d’ailleurs mis en place une sorte de rituel : « après une intervention difficile, dès qu’on descend du camion, je réunis tout le monde derrière et on discute. On vide notre sac. Et quand on a des jeunes, je leur dit de revenir si ça ne va pas, s’ils ont des problèmes pour dormir. Si on repart chez nous comme ça, sans rien dire, ce n’est pas bon. »

Après deux ans en tant que pompier professionnel à Paris, Hervé Pagé est devenu volontaire en Touraine. Il a donc connu la fusion de son centre de secours de Sorigny avec Montbazon et Veigné. Aujourd’hui ils sont entre 40 et 50, tous des volontaires. « Les volontaires c’est 70% des pompiers en France. Sans eux, on serait dans la mouise » insiste-t-il. Voilà pourquoi des appels ont souvent lieu pour en recruter. Voilà aussi pourquoi Hervé Pagé s’est longtemps occupé de la formation des Jeunes Sapeurs Pompiers (à ce sujet, lire cet article sur 37 degrés). « Je m’en suis occupé pendant 18 ans et une dizaine sont depuis devenus pompiers professionnels » relate-t-il avec fierté.

Une vingtaine d’accouchements en urgence dans sa carrière

Depuis quelques années, Hervé Pagé a levé le pied : « aujourd’hui, quand je fais des cross, on me dit ‘allez Le Vieux, il faut se dépêcher !’. On sent la fatigue physique. Tant que je peux continuer, je le ferai. Le jour où j’arrêterais… Ça me manquera mais j’oublierais sûrement vite les contraintes, comme les gardes. »

Ça se sent en l’écoutant : le pompier du Val de l’Indre est un passionné. Grand-père, il offre des camions miniatures ou des ours en peluche habillés en pompier à ses petits-enfants, il les emmène aussi régulièrement visiter la caserne. De bons souvenirs en parallèle des interventions. Mais il y a aussi ces moments où Hervé Pagé confie avoir « bien rigolé » sur le terrain. Comme le jour où ils sont venus en aide à un homme à qui il manquait plusieurs dents « et qui racontait ses mésaventures en zozotant. » Il se souvient aussi des naissances précipitées dans l’ambulance ou dans la rue, « au moins une vingtaine » dans toute sa carrière. « Et il n’y en a pas deux pareil. »

Sauver la vie d’un enfant…

Surtout, la plus grande fierté d’un pompier est de sauver une vie : « un jour, j’étais chez moi avec la fenêtre du bureau ouverte. J’ai entendu crier à côté… La petite fille des voisins était en train de se noyer dans la poubelle où elle était tombée en tentant d’attraper un jouet. Son père l’a retrouvée dans le coma. J’ai compris tout de suite, j’ai fait le tour, appelé les collègues, le SAMU… Et en attendant je l’ai réanimée. On l’a sauvée. Et ça, ça vaut toutes les médailles du monde. »

Olivier Collet

Ce week-end, vous pourrez rencontrer Hervé Pagé et plein d’autres pompiers au Congrès Régional de Montbazon. « Un endroit où les gens apprennent à nous connaître. Et c’est nécessaire car un jour une femme que l’on transportait en ambulance m’a dit qu’elle ne savait même pas que les pompiers servaient à ça » se souvient le pompier montbazonais. Pour connaître le programme des animations, rendez-vous sur le Facebook de l’événement.

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