Pendant le confinement, une grande envie de jardiner en Touraine

Mais les professionnels doivent s’adapter. Et certains souffrent.

La vente de plants de légumes est considérée comme une activité de première nécessité. Confirmée il y a quelques jours, voilà une information qui a soulagé les nombreuses personnes désireuses de profiter du confinement pour s’occuper de leur jardin, d’autant que la préfecture d’Indre-et-Loire accepte les déplacements en jardin familial et jardin ouvrier, dans la limite de 2h par jour et en solitaire. C’est aussi un soulagement pour les professionnels du secteur : « De mars à mai nous réalisons 80% de notre chiffre d’affaire annuel » note Jacques Gauthier de Jardin Malin à Montlouis-sur-Loire.

Depuis mardi, le producteur de plants de légumes et de fleurs a rouvert son magasin toute la journée après une semaine en horaires restreints (uniquement le matin) : « Ça se passe bien, on fait en sorte d’éviter que les gens soient trop proches, on désinfecte les poignées des chariots et on a protégé les caisses » détaille le responsable. Et il voit passer du monde : « Les gens ont un réel besoin de prendre l’air. Nous vendons principalement des plants potagers, mais on tolère l’achat d’une petite fleur avec. » En effet les fleurs ne peuvent pas être vendues seules, ou alors uniquement en livraison. Par exemple, l’entreprise a dû jeter tout ce qui était prévu pour la fête des rameaux. Même chose pour Gérald Cadet, horticulteur à Saint-Martin-le-Beau et fidèle du Marché aux Fleurs de Tours, Boulevard Béranger : « J’ai dû jeter 10 000 plants. »

Contrairement à l’entreprise montlouisienne qui commercialise uniquement en direct sur son exploitation, le professionnel à son compte depuis 1998 fait assez peu de vente au détail : « A partir de mi-avril les marchés et foires ça représente 7 sorties par semaine. Toute cette partie est amputée. Je fais quand même un peu de vente sur l’exploitation mais c’est encore un peu tôt car on n’est pas à l’abri du gel, donc je conseille d’y aller doucement si on ne peut pas protéger ses plans. »

Créée il y a 52 ans, l’entreprise se retrouve en situation précaire pour les mois à venir. Gérald Cadet travaille avec sa femme et une salariée qui s’est arrêtée pour la période du confinement.

« Le printemps c’est la période où nous assurons la trésorerie pour l’hiver prochain. Pour l’instant on peut gérer mais l’année prochaine ce sera autre chose quand il faudra payer les salaires et le chauffage : l’hiver, c’est la période où nous avons le plus de charges. On essaie de gérer au mieux sans vraiment voir où on va. Nous avons pu bloquer les commandes de nos fournisseurs mais pour l’instant nous n’avons pas vraiment d’aides. Nous avons pu reporter les échéances de crédits ou les cotisations de la Mutuelle Sociale Agricole mais c’est de l’argent qu’il faudra ressortir plus tard. On avait déjà souffert des manifestations l’année dernière ou de la tempête en 2010 mais là c’est bien pire. »

Le professionnel de Saint-Martin-le-Beau apprécie tout de même la solidarité qui découle de cette situation exceptionnelle : « il y a beaucoup de personnes adorables qui m’appellent et me proposent bénévolement leur aide. »

Chez Jardin Malin, les difficultés existent aussi : les saisonniers sont au chômage partiel et certaines équipes de vente ont été réorientées vers la production. « On pense à l’après confinement. Nous devons continuer de produire des fleurs si on veut pouvoir en vendre » indique Jacques Gauthier.

Depuis Fondettes, Davy Cosson est également en pleine bourre. Le jeune homme a créé La Pépinière Comestible depuis quelques mois seulement et il a dû revoir son activité en raison du confinement : « Je n’avais jamais prévu de faire des livraisons mais comme je reçois beaucoup de demandes j’ai finalement accepté d’en faire une fois par semaine à partir de 80€ d’achat. »

Même à domicile, il reçoit des visites tous les jours : « J’essaie juste de faire en sorte qu’ils ne se croisent pas. Si je ne vends pas maintenant, je ne vends jamais. Mars-avril-mai c’est vraiment la période idéal pour les plantes. » Il a d’ailleurs maintenu son 1er marché de l’année tout l’après-midi du lundi 13 avril. Ses formations en permaculture sont en revanche annulées, hormis les cursus longs pour lesquels il envoie des éléments à distance aux élèves. Quant à son commerce de fruits rouges (cassis, groseilles, myrtilles) les arbres sont tout juste plantés et ne commenceront à produire qu’en 2021, l’activité ne devrait donc pas souffrir des conséquences du coronavirus.

Olivier Collet

A noter que le département du Loiret a annoncé qu’il achetait pour 500 000€ de productions aux horticulteurs du territoire, initiative présentée comme une première en France afin d’agrémenter les collèges ou les ronds-points.

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