Après la primaire, les cartes rebattues pour les législatives en Touraine

Deux circonscriptions sont particulièrement concernées.

Ainsi donc ce sera François Fillon qui se présentera à l’élection présidentielle de 2017 au nom de la droite et du centre. En plus, le Sarthois aujourd’hui député de Paris part avec l’étiquette du favori (ce qui n’est pas forcément un atout, allez demander à son rival Alain Juppé, douché après des mois passés en tête des sondages). En tout cas, l’ancien premier ministre a un gros avantage : dès aujourd’hui il peut partir en campagne alors que le Parti Socialiste n’a toujours pas de candidat et que la gauche toute entière semble en train d’imploser.

En coulisses, François Fillon va également devoir s’occuper des législatives. Car s’il veut mettre en œuvre son programme, il a tout intérêt à se laisser porter par une majorité forte à l’Assemblée Nationale et, de préférence, acquise à sa cause pour voter facilement ses réformes (allez parler à François Hollande de ses frondeurs, vous comprendrez pourquoi c’est si important pour ne pas perdre de temps). Ainsi, ce mardi, il ira à l’Assemblée Nationale pour regarder de près ces questions d’investiture. Devenu indirectement le nouveau patron du parti Les Républicains (le président par intérim Laurent Wauquiez, sarkozyste, pourrait partir), il pourrait bien mettre son nez dans les décisions prises il y a plusieurs mois et éventuellement jouer au chamboule-tout. Ce qui pourrait/devrait avoir des conséquences en Indre-et-Loire…

Notre département doit élire 5 députés en juin prochain. Si Philippe Briand décide de retourner au charbon sur sa circonscription de St-Cyr-sur-Loire, il n’a à priori aucun souci à se faire, le député sortant aura le champ libre. Idem d’ailleurs pour Claude Greff, ancienne ministre de Fillon, soutien de Sarkozy qui a rallié le bon cheval au second tour, et qui est également députée sortante. Autre ancien ministre sous Fillon et Sarkozy : Hervé Novelli. Il a apporté son soutien au vainqueur de la primaire assez rapidement et ne devrait pas être inquiété en Chinonais. En fait, son plus gros souci s’appelle Laurent Baumel, frondeur socialiste médiatique au niveau national ayant également une bonne influence locale. Une belle bataille en perspective.

Et à Tours alors ? Là, ça se complique… Céline Ballesteros est bel et bien investie par le parti. Adjointe au maire et conseillère départementale, une éventuelle élection au Palais Bourbon l’obligerait à faire du ménage dans ses mandats. A moins que ce ne soit elle qui se fasse balayer par sa collègue du conseil municipal de Tours Françoise Amiot, fillonniste de la première heure, elle aussi intéressée par un poste à Paris.

Ce dimanche soir, elle indiquait qu’elle allait très rapidement solliciter un rendez-vous avec le patron local LR Frédéric Augis histoire de rebattre les cartes. Elle compte bien aussi jouer de ses contacts sur la capitale (elle est conseillère nationale) afin de demander une primaire locale (voire de s’en passer). « Pour moi, cette investiture est caduque » tranche Thibault Coulon un autre élu tourangeau qui roule pour Fillon. Mais en face, Céline Ballesteros (qui a voté Fillon au second tour) ne se laisse pas intimider : « les primaires locales, ce n’est pas prévu dans les statuts. » Question : le parti osera-t-il laisser en place une candidate qui ne fait pas l’unanimité dans ses rangs au risque de perdre (souvenez-vous des régionales, l’absence de certaines têtes tourangelles avait fait polémique et au final la liste droite-centre a perdu à cause de l’Indre-et-Loire). Ajoutez à cela que l’UDI a investi un candidat (Christophe Bouchet, encore un adjoint de Tours), à voir s’il se maintiendra.

La division qui entraîne la défaite, ça pourrait aussi arriver sur le Lochois, la circonscription de Marisol Touraine, actuelle ministre de la santé qui veut retourner battre le terrain pour s’assurer un poste de députée en 2017 et devra défendre son bilan (bon courage !). Bref, la droite y a un coup à jouer. Sauf qu’il y a deux personnes dans la danse : le maire LR de Loches Marc Angenault et la présidente de l’UDI37 Sophie Auconie élue à Tours).

Le premier a publié un communiqué dès ce dimanche soir pour se ranger clairement derrière François Fillon : « Les Français se désespèrent du déclin de notre pays, de l’absence de solutions proposées par le pouvoir en place pour sortir de l’ornière dans laquelle il est embourbé. Ils ont trouvé en François Fillon le sérieux, la détermination pour redonner à la France sa place dans le monde, pour faire jeu égal avec nos grands partenaires européens que sont l’Allemagne et la Grande Bretagne et enfin pour rétablir l’autorité de l’Etat, garantissant les mêmes droits dans le respect des mêmes devoirs. Maintenant notre objectif est de concrétiser cet élan en une victoire pour la France. »

Et en face, Sophie Auconie, soutien d’Alain Juppé, se range derrière l’ancien premier ministre par obligation. Proche du patron de son parti Jean-Christophe Lagarde, elle n’aura pas de mal à garder l’investiture. Mais sans accord avec Les Républicains, cette affaire risque de finir en triangulaire avec le FN et à ce jeu-là on se demande bien qui sortira vainqueur fin juin. Le problème c’est que l’ancienne députée européenne n’est pas du tout en odeur de sainteté chez Les Républicains (et c’est un euphémisme) qui ne risquent pas de retirer leur candidat pour trancher en sa faveur. Resté discret dans cette primaire, et même globalement depuis son élection à la tête de la fédération départemental du parti, le maire de Joué-lès-Tours Frédéric Augis a donc les cartes en main et se retrouve à devoir arbitrer deux duels qui vont nécessiter de grosses manœuvres. Son objectif : faire le moins de dégâts possible.

Olivier COLLET

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