Nouveaux tarifs Fil Bleu : combien de perdants ?

Certaines personnes aux revenus modestes vont voir leur abonnement augmenter.

Ce jeudi 1er août, de nouveaux tarifs entrent en vigueur pour le réseau bus-tram Fil Bleu de l’agglomération tourangelle. Parmi les principales évolutions : un abonnement étudiant de 12 mois au prix de 10 à 230€ (40€ de moins qu’avant), un tarif à l’âge avec de fortes réductions pour les 5-10 ans, un abonnement « tout public » (dès 26 ans) à 45€ au lieu de 39€50 et la mise en place de tarifs dits « sociaux » à 9€90 par mois et 19€90 par mois selon le quotient familial. Ces derniers sont d’ailleurs valables pour tous les membres d’un même foyer, quel que soit leur âge.

Cette grille tarifaire avec des réductions pour les familles les plus modestes était réclamée de longue date par plusieurs élus de Tours Métropole, et elle a été votée sans polémique au printemps. Mais depuis, les prix ont été amplement commentés…

Des demandeurs d’emploi seuls pénalisés

D’abord c’est la forte augmentation de l’abonnement pour les salariés qui ne passe pas pour certains usagers : « on nous dit de prendre les transports en commun et *paf* 5€50 de plus, c’est une blague ? » s’offusque une lectrice sur Facebook. Cette décision est néanmoins pleinement assumée par la collectivité au nom de la solidarité, en rappelant que 50% de l’augmentation est prise en charge par l’employeur des salariés (ce qui revient à un surcoût de 2€75 par mois, et 30€25 pour l’année, le 12e mois étant offert en cas de prélèvement automatique continu).

Ce qui coince aussi, c’est la disparition du pass dédié aux demandeurs d’emploi ou allocataires du RSA qui était de 5€30 par mois. Ce dernier est remplacé par les tarifs au quotient familial à 9€90 ou 19€90. Seuls les titulaires de l’Allocation Adulte Handicapé conservent le tarif mensuel à 5€30.

6 à 7 000 bénéficiaires des nouveaux tarifs sociaux

Ainsi, les chômeuses et chômeurs voient leur abonnement progresser de 4€60 voir 14€60 selon leur quotient familial, et peut-être même de 5€30 à 45€ si les revenus du foyer sont élevés, ou qu’il s’agit de personnes seules. Cette conséquence parait injuste aux yeux de plusieurs élus qui ont donné l’alerte dans les semaines suivant l’annonce des nouveaux tarifs. Les Radicaux de Gauche n’hésitent pas à parler de « scandale ». Ce qui donne lieu à un débat similaire à celui que l’on avait pu avoir au moment de l’annonce d’une baisse de 5€ des allocations logement : que peuvent représenter 5€ dans le budget d’une personne aux faibles ressources ?

Dès lundi, les élus socialistes et écologistes – pourtant favorables à la grille de tarifs sociale – ont alerté publiquement Tours Métropole sur le sujet. Dans un premier temps l’institution avait répondu que les Centres Communaux d’Action Sociale pourraient prendre en charge la différence de prix pour les personnes concernées. Mais ils semblent refuser de le faire, sauf de manière ponctuelle (pour se rendre à des entretiens d’embauche ou des examens de santé par exemple).

Une mise à jour des tarifs dans quelques mois ?

« On a un souci, il y a un loup dans le dispositif et on n’est pas content. On va à l’inverse de ce qu’on voulait faire » souffle le conseiller métropolitain EELV Emmanuel Denis. Malgré « les défauts » du système, il défend tout de même « le changement de philosphie » apporté par cette nouvelle grille de Fil Bleu. Simplement, selon lui, « il faut que les personnes seules pénalisées puissent bénéficier d’une meilleure aide. »

Mais combien sont-elles ? Difficile de le savoir… Interrogé, le service communication de Fil Bleu nous donne quelques données :

  • Selon les mois, 2 à 3 000 personnes bénéficiaient de l’ancien tarif à 5€30 dédié aux demandeurs d’emploi, incluant les personnes au RSA
  • Au total, 3 à 4 000 personnes avaient un pass avec les anciens tarifs sociaux pour voyager dans l’agglomération
  • Selon une estimation faite à partir des données de l’INSEE, 6 à 7 000 personnes sont désormais éligibles aux nouveaux tarifs préférentiels.

Ce dernier chiffre n’est qu’une projection. l’entreprise Keolis – qui gère le réseau Fil Bleu – renvoie à la fin de l’année pour un bilan plus précis, se disant certaine que plus de personnes pourront bénéficier de cartes à tarif réduit. « On est conscient que cela peut représenter une somme importante pour certaines personnes mais seules les collectivités peuvent réagir là-dessus. Ce qu’il faut bien voir c’est que l’on ne raisonne plus en terme d’individu mais en terme de foyer » résume-t-on au sein de l’entreprise. Donc une personne de la famille peut payer plus qu’avant, mais les dépenses totales du foyer en transports peuvent baisser.

Abonnements et tickets unitaires rapportent plus de 20 millions d’€ par an

Contactée mardi, Tours Métropole ne nous a pas encore répondu. Techniquement, l’agglomération peut décider de voter une mise à jour des conditions tarifaires pour prendre en compte des situations personnelles qui n’avaient peut-être pas été anticpées dans leur globalité. Dans une réponse faite en juin aux élus de gauche, son président Philippe Briand avait ainsi émis le souhait que personne ne soit léser parmi les plus modestes.

A noter que le fonctionnement des transports tourangeaux nécessite chaque année un budget de 65 millions d’euros, dont un tiers financé par les abonnements et les billets achetés à l’unité. Ailleurs en France, dans des agglos comparables, à Orléans un titre mensuel est à 10€ pour les demandeurs d’emploi, 6€70 à Angers, 11€40 pour 90 jours au Mans, 6€ à Dijon. Ces villes ne disposent pas d’abonnements selon le quotient familial.

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