A Tours, grand débat sur un sujet difficile : le suicide assisté

Faut-il l’autoriser en France ? Vos réponses ce mardi à l’Hôtel de Ville.

7 ans après la dernière loi sur la bioéthique, le gouvernement s’apprête à réviser le texte. Une obligation légale : cela doit se faire tous les 7 ans. Avant d’écrire le texte, une série de débats est organisée partout en France pour parler de la procréation médicalement assistée (PMA), de la gestation pour autrui (la GPA, les mères porteuses) ou encore du suicide assisté. C’est ce dernier thème qui sera évoqué ce mardi à 18h en mairie de Tours alors que 60% des Français se disent favorables à l’euthanasie. Pour en savoir plus, nous avons rencontré Béatrice Birmele, de l’espace de réflexion d’éthique du CHU de Tours…

Qu’est-ce que l’espace de réflexion d’éthique ?

Il a pour mission de donner aux centres de soins, aux médecins et à tout le monde la possibilité de se poser des questions et d’oser y réfléchir pour trouver ses propres réponses. On parle par exemple d’acharnement thérapeutique mais une personne qui survit grâce à de nombreuses techniques, qui peut dire ce qui est acharnement ou pas ? Parfois c’est évident dans un sens ou dans l’autre mais parfois on ne sait pas. Ou alors dans le cadre d’une maladie chronique dont les traitements nécessitent une modification des habitudes de vie et que la personne n’est pas partante car c’est trop lourd, on peut réfléchir à trouver ensemble quelque chose de faisable et pas trop contraignant même si ce n’est pas ce qu’on peut faire de mieux.

Cet espace permet donc de trouver ensemble la juste mesure car il n’y a pas de bonne réponse. On se pose aussi la question comment faire pour que le patient décide vraiment lui-même mais d’un autre côté qu’il n’y ait pas de prise de risque majeure. Sachant que les décisions sont toujours prises de manière collective. Des juristes ou des philosophes nous aident souvent.

Pourquoi est-il nécessaire de réviser la loi bioéthique tous les 7 ans ?

Certaines questions qui ne se posaient pas lors de la dernière loi en 2011 sont d’actualité aujourd’hui, il faut donc les étudier. Il y a des évolutions technologiques ou sur la manière de faire mais aussi des évolutions de la société par exemple sur l’assistance médicale à la procréation avec des demandes d’ouvertures à plus de couples. Face à cela, faut-il changer la loi en France ? C’est ça le débat aujourd’hui.

A Tours on va donc débattre du suicide assisté… De quoi parle-t-on ?

Le suicide assisté c’est quelqu’un qui abrège sa vie avec une personne qui lui donne les moyens de le faire dans une situation de fin de vie ou de souffrance intolérable. Actuellement c’est interdit, faut-il modifier la loi pour l’autoriser ? Les quelques débats que l’on a eu jusqu’à présent montrent que si l’on va vers une évolution de ce qui est possible par la loi, les citoyens sont très demandeurs d’un cadre strict. L’objectif de ce débat est donc de savoir ce que pensent les citoyens. Nous ferons ensuite une synthèse pour le comité national d’éthique. Quoi qu’il en soit c’est très difficile de faire une législation qui réponde à des situations peu nombreuses mais singulières et en même temps d’établir un cadre suffisamment restrictif pour éviter des dérives.

On parle bien de suicide assisté et pas d’euthanasie, quelle est la différence ?

Dans les deux cas c’est faire un geste pour accélérer le processus de mourir. Dans le suicide assisté, c’est la personne qui le fait elle-même, on lui met à disposition ce qu’il faut (des médicaments, le plus souvent). L’euthanasie c’est un tiers qui ferait une injection létale entraînant la mort, un médecin par exemple. La nuance est très importante : pour le suicide assisté, il faut vraiment que le patient ose aller jusqu’au bout.

Les récents sondages semblent montrer que les Français sont majoritairement prêts à des évolutions…

Il y a une vraie demande de pouvoir maîtriser les choses, d’être rassuré afin que si jamais on se trouve dans une situation de souffrance on puisse avoir un recours. Notre mission avec ce débat c’est vraiment que les gens s’expriment sur ces questions-là pour dire s’il faut aller plus loin que la législation actuelle, ou pas. C’est une question très intime, quelque chose qui appartient à chacun. C’est un sujet tabou : la mort fait très peur, c’est une angoisse existentielle. On n’a pas l’habitude de l’envisager mais il faut en parler, dire que ça fait partie de la vie. Il faut oser exprimer ses peurs. C’est quelque chose que l’on a à apprendre, y compris chez les professionnels de santé.

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