Avocats, magistrats, greffiers : ils manifestent ensemble à Tours

Un rassemblement est prévu ce jeudi à 10h sur les marches du Palais de Justice.

Il y a quelques semaines, la ministre de la justice Nicole Belloubet a dû faire face au mouvement de grogne particulièrement conséquent des surveillants de prison, mobilisés notamment pour plus de moyens et de sécurité. Ce jeudi, la garde des sceaux va devoir affronter un nouveau mouvement : celui des avocats, des magistrats et des greffiers, unis partout en France pour s’inquiéter publiquement des projets du gouvernement en matière de justice (manque de budgets, faiblesse de l’aide juridictionnelle, conditions de travail dégradées à cause des tribunaux submergés d’affaires, manque de procureurs et de juges, numérisation excessive des procédures…).

« Les avocats, on ronchonne de temps en temps mais jusqu’ici les magistrats étaient restés sur leur réserve. C’est un signe fort qu’ils se mobilisent aussi » note Catherine Gazzeri-Rivet, bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Tours. Elle appelle ses 300 confrères à rejoindre les équipes du Palais de Justice sur les marches du tribunal Place Jean Jaurès ce jeudi 15 février à 10h, et les audiences judiciaires seront donc interrompues durant au moins une demi-heure à ce moment-là.

« On ne va pas bloquer la ville comme les agriculteurs mais on veut se faire entendre » poursuit la représentante des avocats qui estime que la nouvelle ministre de la justice n’est pas assez à l’écoute de l’institution judiciaire sur le terrain : « son discours est apaisant, elle nous dit qu’elle est ouverte à la discussion, que rien ne se fera sans concertation mais on a la sensation qu’elle nous mène en bateau, que les textes sont déjà décidés » poursuit Catherine Gazzeri-Rivet.

Parmi ses inquiétudes : le risque de suppressions de juridictions « qui éloigneraient les justiciables de leurs juges et créeraient des déserts judiciaires. L’accès à la justice devient limité et cela risque de décourager des personnes qui abandonneront leurs démarches si c’est trop compliqué » assure le bâtonnier de Tours qui dénonce aussi des procédures moins aisées pour faire appel d’un jugement ou saisir la cour de cassation.

En parallèle, l’avocate craint que le tribunal de Tours soit directement concerné par une éventuelle réforme avec une possible modification de ses spécialités au profit de Bourges qui perdrait sa cour d’appel. Par exemple, toutes les affaires de droit social pourraient être délocalisées dans le Cher (ce n’est qu’une hypothèse) : « si vous enlevez des spécialités d’un tribunal, vous le videz de sa substance » assure Catherine Gazzeri-Rivet. « Nous on ne pourrait pas se déplacer car toute l’économie est centrée sur l’axe ligérien. Cela mettrait les confrères en difficulté alors que c’est déjà dur : 1/3 des avocats du barreau de Tours gagnent moins de 1 800€ par mois. »

Maître Gazzeri-Rivet demande donc plus de temps au gouvernement avant de prendre des décisions : « on voit la vitesse à laquelle les textes sortent. Il y a une espèce de marathon alors qu’il n’y a aucune urgence. Le système judiciaire actuel fonctionne, on peut vouloir le réformer et on n’y est pas hostiles mais il n’y a pas de contrainte immédiate particulière. La précipitation dans laquelle on est nous laisse à penser que les choses sont plus avancées qu’on ne nous le dit. Tout ça est anxiogène et cela ressemble à un dialogue de sourds. »

Olivier Collet

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