LEGISLATIVES : Les discours similaires des outsiders

Jean-Patrick Gille (PS) et Fabrice Boigard (LR-UDI) jettent leurs dernières forces dans la bataille.

Ils le savent : la dynamique n’est pas avec eux. A Tours, Jean-Patrick Gille s’est qualifié in extremis au deuxième tour des législatives dimanche dernier avec 15% des voix. Ce 18 juin, le député socialiste sortant affrontera Philippe Chalumeau (La République En Marche) fort de 36% des suffrages. Même scénario sur la 5ème circonscription englobant tout le nord-ouest du département d’Indre-et-Loire : Fabrice Boigard (LR-UDI) a fait 18,8% quand Sabine Thillaye qui veut représenter Emmanuel Macron à l’Assemblée Nationale fait 38,5%. Sur un territoire historiquement à droite, ça fait mal.

Alors on a posé la même question à Fabrice Boigard et à Jean-Patrick Gille : « si vous perdez dimanche, c’est grave ? » Le premier répond « oui » du tac au tac avec un discours bien rôdé : « sur un plan personnel et politique, oui. Lorsqu’on s’engage dans une bataille, on aime bien arriver au bout et en sortir vainqueur. Et puis je pense que notre pays a besoin d’une Assemblée qui ne soit pas unicolore mais représentative des gens des territoires. » Le second est plus étonné mais finit par se lancer, avec un ton plus personnel : « quand on fait ce métier, on sait qu’un jour on finit par perdre. Ce n’est pas forcément contre moi. Paradoxalement, c’est la campagne où j’ai reçu le meilleur accueil. Des électeurs me disent que j’ai fait du bon boulot mais qu’ils vont quand même voter pour l’autre. Même s’ils ne savent pas forcément qui est l’autre. »

Comme Fabrice Boigard qui s’appuie sur un sondage disant que 60% des Français s’inquiètent d’une majorité écrasante pour le président, Jean-Patrick Gille aussi milite corps et âme pour une Assemblée qui ne soit pas totalement dévolue à la cause du chef de l’Etat. Pour ça, il a invité la captivante Anne Hessel (fille du célèbre résistant Stephane Hessel) et fait (re)venir son plus fidèle soutien, son « ami de 15 ans » : Pierre Larrouturou (de Nouvelle Donne). Depuis six mois, on a un peu l’impression qu’il a son rond de serviette en Touraine. « Le pays a besoin de diversité » dit-il en prenant l’exemple allemand : « si Angela Merkel avait eu la majorité absolue, les Allemands n’auraient pas eu un SMIC ou la Taxe Tobyn. »

Jean-Patrick Gille s’inquiète lui pour les libertés (de la presse, ou celles contraintes par l’état d’urgence) : « on ne pensait pas forcément avoir ces problèmes… » Il s’agace aussi des ordonnances envisagées pour faire passer la loi Travail « après un simulacre de concertation, ce sera un passage en force plus fort que le 49-3. » Et de déplorer que son concurrent d’En Marche ne semble pas comprendre cet enjeu.

Clairement, s’il est élu, le socialiste ne votera donc pas la confiance au gouvernement. En Touraine nord-ouest, Fabrice Boigard est plus mesuré : « ça dépendra du discours du premier ministre. Pour les lois, je les voterai si elles sont bonnes. » La moralisation de la vie politique, il y souscrit globalement. Mais il a ses combats : « la hausse de la CSG pénalisera les retraités et ça ne va pas dans le bon sens. L’approche sur le RSI (cotisations sociales des indépendants) ne me convient pas non plus. » Une voix qu’il essaie de faire entendre sur le terrain pour encourager les électeurs à se rendre aux urnes dimanche malgré le blues démocratique ambiant. Jean-Patrick Gille tente le même pari en espérant aussi un sursaut des soutiens de la gauche de la gauche. Les outsiders en sont à guetter les signes et refusent de s’avouer vaincus. Un discours pour l’honneur face au bulldozer de la Macron Mania.

Olivier COLLET

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