Autour de Fillon en Touraine, « on est toujours combatif »

Entretien avec Jérôme Tebaldi, qui dirige la section Les Républicains de Tours et juge Emmanuel Macron « aussi dangereux » que Marine Le Pen.

Et si finalement l’affaire Fillon n’était pas arrivée au pire moment ? On l’a bien vu avec les primaires de la droite comme de la gauche, c’est dans les dernières semaines que se fait vraiment la campagne, que les électeurs prennent leur décision. Et depuis la mise en examen de François Fillon le 14 mars dans le cadre de l’enquête sur les emplois présumés fictifs de son épouse Penelope, le sujet a progressivement quitté la Une de l’actualité. Malgré des bourdes et des propos maladroits (comme quand il déclare ce lundi qu’il n’a pas de quoi mettre de l’argent de côté, lui qui possède notamment un château), le candidat Les Républicains redevient audible sur son programme, au moment où les électeurs commencent sérieusement à se demander pour qui ils vont voter, au moment aussi où l’on s’apprête à entrer dans la campagne officielle avec sa règle de stricte égalité du temps de parole dans les médias audiovisuels.

Sur le terrain, les Fillonistes sortent donc du bois. Et même si, clairement, tout le monde ne fait pas activement la campagne dans les rangs LR-UDI (l’affaire a laissé des traces), il y a des recrues pour assurer le job, en particulier sur les marchés : « il y en a certains où l’on ne veut pas nous voir mais c’est un rejet de la politique en général. On en croise aussi beaucoup qui sont rassurés de voir que l’on reste combatif » explique Jérôme Tebaldi, à la tête de la fédération Les Républicains de Tours.

Depuis quelques jours, c’est opération tractage : « on va recevoir au total 90 000 tracts sur la sécurité, l’artisanat, les 10 priorités de François Fillon » énumère-t-il. A la base, tout cela devait aussi permettre d’assurer la promo d’un meeting prévu ce lundi 10 avril au parc expo de Tours (avec 5 000 personnes) mais il a été annulé, ou reporté (à confirmer).

Recentrer le débat sur les idées, c’est donc désormais la priorité de Jérôme Tebaldi. Pour le reste, « je laisse les gens super moraux juger à ma place. Il est vrai qu’au départ, avec cette affaire, on a été surpris. On devient inquiet, on se questionne aussi : est-ce que c’est télécommandé ou pas ? C’est étrange que tout cela arrive sur des roquettes contre le même homme. Ca brouille et ne l’aide pas dans sa campagne. Mais je crois que le fait d’en avoir rajouté a rendu les gens perplexes. »

« Je ne crois pas au messie ni au roi qui va tout changer. Alors que certains candidats vendent des rêves comme sur l’écologie, François Fillon ne vend pas un rêve » explique celui qui est par ailleurs élu à Tours. Il veut d’ailleurs défendre François Fillon sur l’image que l’on peut avoir de lui : « on veut faire croire qu’il est autiste (sic) mais pas du tout. Il faut écouter les gens, et je pense qu’il les écoute. Il a les pieds sur terre. Il ne fait peut-être pas rêver autant que certains mais ce qu’il veut c’est gérer, libéraliser l’économie. C’est quelqu’un de concret, au fait des réalités. On est étouffé de normes et de charges, il faut libérer tout ça pour créer de l’emploi. Il faut aussi sortir du surendettement et donc faire quelque sacrifies. Dépenser du fric à tour de bras, ça, tout le monde sait faire. François Fillon est lui capable de bien gérer en faisant des sacrifices et en allant au devant des gens mécontents. Ca, c’est un homme responsable. » Pour pondérer, on pourra noter que le candidat n’a pas beaucoup été au devant de ceux qui faisaient des concerts de casseroles avant ses meetings, il a même plutôt essayer de les éviter…

Parmi les grandes idées de François Fillon dans cette campagne : la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires. Une mesure qui inquiète lourdement et que les soutiens LR doivent donc expliquer, expliquer et expliquer encore : « il n’a pas dit qu’il allait du jour au lendemain licencier 500 000 fonctionnaires. Ce seront surtout des emplois non reconduits » plaque Jérôme Tebaldi.

« J’espère qu’il va réduire la dette de la France et donner une meilleure image de notre pays sur la scène internationale » note encore le responsable politique tourangeau qui n’a pas de mots assez durs pour qualifier la politique de François Hollande dans ce domaine : « on peut regretter que le tandem n’ait pas été fort avec Angela Merkel. François Fillon est un européen convaincu, plus moderne qu’on ne veut le faire croire. Regardez aussi, Trump, après son élection aux Etats-Unis, il n’est pas venu voir la France. Il a rencontré l’Allemagne et le Royaume-Uni. La France ne compte apparemment pas beaucoup… » Et l’élu d’enchérir : « je pense qu’il faut dialoguer avec tout le monde même Vladimir Poutine en Russie. » Même s’il musèle la presse ou réprime ses opposants ? « On n’a pas de leçon à donner. Ce n’est pas un dictateur Poutine. Et dans ce domaine l’attitude des socialistes est assez étrange… »

S’il étrille François Hollande, c’est envers Emmanuel Macron que Jérôme Tebaldi (comme le reste de son camp), balance le plus (Marine Le Pen, aussi, mais beaucoup moins spontanément) : « qu’est-ce qui ressort à part la belle gueule dans Paris Match ? Quelle est son idée forte pour être président des Français ? Par exemple son service citoyen, il est incertain sur son coût, sur les lieux où l’organiser… Une bonne idée, c’est une idée qui est appliquée avant tout. Quand on regarde les sondages, on voit que Macron baisse un peu et Fillon monte un peu. On sent aussi ce qu’il se passe sur le terrain : les gens avec des valeurs de droite traditionnelle n’iront pas voter Le Pen ou Macron mais Fillon. Ils sont d’ailleurs plus nombreux à être certains de voter pour lui qu’ils ne le sont pour Macron. Il n’y a pas encore d’attachement envers lui, c’est le grand flou. Un produit sorti de nulle part, soutenu par le PS. »

Et si Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouvaient face à face au second tour ? « Marine Le Pen s’est malheureusement installée dans le paysage politique et elle est aussi dangereuse qu’Emmanuel Macron. Je ne voterai jamais Macron, jamais à gauche et jamais FN. Donc un tel cas je ne me suis pas encore posé la question de ce que je ferai. »

Olivier COLLET

Et la culture ?

A la mairie de Tours, Jérôme Tebaldi est conseiller municipal délégué à la culture : « c’est triste que François Hollande ait réduit de 10% le budget de la culture à son arrivée. Je comprends tout quand on l’explique mais pour un gouvernement de gauche qui souvent donne des leçons d’inculture je trouve ça terrible. Ce qu’il faut c’est stabiliser notre budget culturel, mettre en valeur nos artistes. Il y a trop peu de budgets qui sont fléchés vers eux. »

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