Aéroport de Tours et deuxième tram : on débat mais on avance peu

L’utilité de la piste aéroportuaire et le tracé du tram B ont alimenté les discussions ce mercredi soir à Tours Métropole.

Ce sont des sujets qui reviennent souvent à la Une de l’actualité tourangelle, et dans la bouche des élus de la nouvelle métropole. Ces derniers se retrouvaient ce mercredi soir aux Deux-Lions pour prendre connaissance du budget 2017 et le voter. Si l’aéroport de Tours et la future deuxième ligne de tram (en projet pour 2023-2024) ne figuraient pas officiellement à l’ordre du jour, les deux questions ont été abordées en longueur et par tous les courants politiques.

Le tram, d’abord. La question d’une deuxième ligne fait consensus mais son tracé, pas du tout. Il est aujourd’hui très clair que le projet qui devrait être annoncé prochainement a plutôt vocation à relier l’hôpital Bretonneau de Tours, le secteur du Jardin Botanique et La Riche d’un côté à l’hôpital Trousseau et à la commune de Chambray-lès-Tours de l’autre, probablement via le futur quartier qui doit sortir de terre à la place des anciennes casernes de Tours, et peut-être les Fontaines : « il y a un vrai déficit de transports sur l’ouest de l’agglomération » a plaidé le maire PS de La Riche Wilfried Schwartz lors de la séance, et donc parmi les premiers concernés.

Mais à l’est aussi, on estime qu’il y a un manque. St-Pierre-des-Corps s’estime légitime à avoir un tram, pour désenclaver la gare TGV ou encore le quartier de la Rabaterie : « toutes les places de parking sont saturées dans un rayon d’1km autour de la gare » a ainsi fait valoir la maire PCF Marie-France Beaufils qui, malgré le soutien de ses collègues élus Jean-Marc Pichon (En Marche) et Martine Belnoue, parle un peu dans le vide… Même si Philippe Briand – président LR de Tours Métropole – a toujours dit qu’il envisageait aussi plus tard encore d’autres lignes de tram ou de bus à haut niveau de service, le délai est clairement bien long, vu le coût de ces équipements chiffré en dizaines de millions d’euros (et il y a encore plus de 200 millions de dettes de la première ligne de tram à absorber !).

Ce jeudi soir à 20h, aux Halles de Tours, une réunion au sujet de la deuxième ligne est organisée pour en savoir sans doute un peu plus sur ce qu’il se profile…

Autre sujet qui gratte, donnant surtout de l’urticaire aux écologistes, c’est celui de l’aéroport de Tours. D’un point de vue comptable, il fonctionne assez bien avec uin trafic passager proche des 200 000 personnes à l’année (en hausse) et des vols souvent complets. Mais pour l’élu EELV Emmanuel Denis, son impact économique est limité puisqu’il rapporte autant qu’il coûte. Et risque de coûter encore plus cher avec le départ annoncé de l’armée à l’horizon 2020. Il va falloir trouver d’autres financements alors que la Chambre de Commerce et d’Industrie dit ne plus avoir de quoi payer et que le Conseil Départemental traine des pieds, et que la région n’a pas envie de rallonger son enveloppe…

Alors, pour Emmanuel Denis qui sait toujours être provocant, il y aurait bien une solution : le fermer cet aéroport, et installer une ferme de panneaux solaires au bord de la piste. Il a fait ses petits calculs : avec un coût initial de 180 millions d’euros (qu’il espère en partie financé par des aides de l’Etat ou de l’Europe voir… un financement participatif (sic)) « ça rapporterait 19 millions d’euros par an » pour 120 hectares de panneaux photovoltaiques. « On pourrait alors faire comme Crucey en Eure-et-Loir qui a ainsi reconverti une ancienne base de l’OTAN. »

On va dire les choses comme elles sont : l’idée a beaucoup fait rire l’assistance. « On a déjà un projet de grande ferme au nord de l’agglo, à Sonzay, et j’essaie de l’appuyer » a rétorqué Philippe Briand ajoutant qu’en plus ce type d’installation ne pouvait se faire que sur des terrains non constructibles et non agricoles, « comme un ancien aéroport » a répondu du tac au tac Emmanuel Denis qui ne perd jamais le nord. Mais le président a aussi de la répartie et a ressorti l’argument préféré des pro-aéroport : « si un de vos proches a besoin d’une greffe d’organe vous serez bien content qu’un avion puisse arriver à Tours. » « Les hélicoptères ça existe aussi » a tenté de rajouter l’écologiste sans convaincre…

En recentrant le débat, Philippe Briand a dit ceci : « on peut se poser 1 000 fois la question si c’est à nous de financer l’aéroport. Ce n’est pas à nous de le faire comme ce n’est pas à nous de financer la fac de médecine. Au final, la question c’est qu’est-ce que l’on veut faire dans la métropole ? Et je pense qu’un aéroport c’est important. »

Mais il n’y a pas que l’aspect polluant de l’aéroport qui pose question, il y a également le modèle de Ryanair « dont les bénéfices dépendent uniquement des subventions qu’ils touchent » a insisté Marie-France Beaufils. « Est-ce que les collectivités doivent le financer à ce point ? » a complété Martine Belnoue. Jean-Marc Pichon s’est lui aussi interrogé sur la compagnie low cost irlandaise, mais cette fois sur son quasi monopole ici à Tours « alors qu’à Poitiers Hop (Air France, ndlr) a une ligne vers Lyon. » Et c’est bien là le principal problème de l’aéroport de Tours : malgré tous ses soutiens et sa fréquentation correcte, il semble avoir atteint un plafond. Il est séduisant mais pas assez pour aller plus loin. La métropole est-elle capable de lui faire franchir une étape ? C’est une vraie question. Sauf que ça fait déjà des années qu’elle n’a pas trouvé de réponse…

Olivier COLLET

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