PRIMAIRE A GAUCHE : En Touraine, les camps Valls et Hamon dos à dos

Retour sur la soirée électorale avec les élus et les militants au siège du PS à Tours.

« Bien joué ! » : alors que le Jocondien Vincent Tison, soutien affiché de Benoit Hamon, pousse la porte de la fédération du Parti Socialiste de Tours ce dimanche soir, voilà comment il est accueilli par l’un de ses proches, le député Jean-Patrick Gille. A cette heure-ci les dés sont déjà jetés : Benoit Hamon et Manuel Valls s’affronteront pour le deuxième tour de la primaire de la gauche ce dimanche 29 janvier. L’ancien ministre de l’éducation est devant l’ex 1er ministre. Derrière, Arnaud Montebourg est nettement éliminé, loin derrière. Vincent Peillon fait un petit score sans être humilié, François De Rugy n’est pas ridicule non plus, enfin Sylvia Pinel et Jean-Luc Benahmias sont assez logiquement marginaux.

Evidemment cela rappelle le scénario de la primaire de la droite : un homme que l’on n’attendait pas vraiment et qui se révèle dans les débats finit en tête au 1er tour et se hisse en plus en position de favori pour la victoire finale. Derrière, celui qui semblait faire la course en tête devient l’outsider. Et en 3ème position, le trublion du gouvernement du début de mandat, le candidat des frondeurs, n’a plus qu’à ronger son frein.

Au PS37, la soirée a mis du temps à débuter. Les résultats arrivent en voiture, et les personnalités au compte goutte. La salle reste longtemps remplie de journalistes qui regardent du coin de l’œil les chips datant de la campagne des régionales de 2015. Puis les premiers élus et quelques têtes connues arrivent à leur tour, on débouche une ou deux bouteilles de cidre, « du brut, hein ! » insiste une militante. On commente les résultats nationaux et on s’impatiente : il a fallu attendre bien plus que 21h avant d’avoir les premières tendances départementales. Du coup certains changent de débat et évoquent un peu le fait politique tourangeau du week-end : la migration de l’élue tourangelle Françoise Amiot partie de Les Républicains pour atterrir chez Macron. Certains s’en amusent, d’autres s’en offusquent.

La participation fait aussi débat : un peu moins de 2 millions de votants mais plus d’1,5 million : « c’est pas mal, j’ai vu beaucoup de jeunes venir voter » explique le maire de La Riche, Wilfried Schwartz. « Ce n’était pas seulement des militants » observe de son côté le responsable des socialistes à Tours, Alain Dayan. Mais le vice-président du conseil régional du Centre-Val de Loire Mohamed Moulay ne le voit pas de la même manière : « le grand perdant ce soir c’est la participation. Le PS est faible… »

Dans la salle, Vincent Tison affiche toujours son grand sourire : son candidat Benoit Hamon a reçu le soutien d’Arnaud Montebourg, très soutenu ici en Indre-et-Loire (le député Laurent Baumel, vitrine des frondeurs, lui ayant apporté sa voix). « Benoit Hamon c’est le choix de positions authentiques, voire de positions novatrices » explique-t-il. Montebourg éliminé ? « Il s’attendait plus que les Français ne l’attendaient. » Valls second ? « C’est la défaite d’un style, du choix d’avoir fracturé la gauche, d’agir brutalement. Alors que Benoit Hamon est capable de rassembler la gauche et jusqu’aux écologistes. »

Ah bon ? Nicolas Gautreau – élu du conseil municipal de Tours et soutien de Manuel Valls – n’est pas du tout, mais alors pas du tout de cet avis. Les propos les plus durs de la soirée sont à mettre à son crédit : « dans la semaine qui va suivre, c’est à nous de voir si on veut une gauche qui reste dans l’opposition pendant les 20 prochaines années ou une gauche prête à gouverner. Si on veut une gauche contestataire ou une gauche de gouvernement. » Il en rajoute : « se projet avec Benoit Hamon comme président… c’est assez difficile. Pour que le renouvellement soit valable, il faut que ceux qui l’incarnent soient crédibles » argumente-t-il en visant la proposition d’un revenu universel défendu par le candidat N°1 de la soirée : « Même Liliane Betancourt le toucherait ! Ca va coûter 300 milliards et personne ne sait comment ça serait financé. » Il tente l’autorité et le pragmatisme, reprend les éléments de langage de son candidat.

Si Nicolas Gautreau essaie de se rassurer sur la possible victoire de Valls en expliquant qu’il connait des gens qui ont voté Montebourg qui ne se rallieront pas à Hamon, les soutiens de l’ex ministre du redressement productif que nous avons croisés ce dimanche soir se rallient sans ambigüité : « le message de Benoit Hamon correspond à une génération qui ne se reconnait plus dans les politiques » analyse Wilfried Schwartz qui ne votera pas pour lui à contrecœur : « Hamon est nettement meilleur que Valls. Je suis favorable à regarder précisément la faisabilité du revenu universel qui dans tous les cas pose la question du rapport au travail dans notre société et c’est un beau débat de gauche. » Ouassila Soum, élue de St-Pierre-des-Corps, d’abord partie vers Montebourg, poursuit : « j’ai longuement hésité entre les deux candidats. J’étais persuadée que Benoit Hamon créerait une surprise. Les programmes des 2 candidats sont très proches, sur la même ligne politique (ils ont été frondeurs tous les deux, représentent une rupture avec la politique de Valls, sont favorables à une VIème République, une dose de proportionnelle…). »

Alors que la suite s’annonce tout de même assez serrée (Pinel rejoint Valls, De Rugy et Benahmias attendent et Peillon aussi), dimanche soir prochain, quels discours tiendront tous ces gens ces socialistes et leurs alliés ? Réussiront-ils à se rassembler derrière le vainqueur, quel qu’il soit, et avec un peu d’enthousiasme ? Ici, beaucoup ont déjà choisi leur candidat mais comme au niveau national il reste encore bon nombre d’indécis, notamment dans les rangs de ceux qui ont voté Peillon (Jean-Patrick Gille, Cécile Jonathan…). Chez les autres, on entend bien quelques appels à l’unité, mais ils sont timides. La primaire sera loin de résoudre tous les problèmes du PS.

Olivier COLLET

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