Salles, subventions, animations : la politique associative de Tours décortiquée

On prend le temps d’en parler avec l’adjointe au maire chargée de cette question : Myriam Le Souëf.

Tours est une ville au tissu associatif très large : 2 800 structures environ, dont un quart qui œuvre dans le social, 23% dont les activités sont centrées sur la culture et les loisirs, 17% dans le sport. 385 associations ont des salariés, ce qui représente plus de 4 000 emplois. Au total, 40 000 Tourangeaux sont bénévoles, soit près d’un habitant sur trois.

Depuis deux ans, la mairie explique avoir engagé un grand travail de remise à plat de la politique associative : modification des tarifs des salles, changement des règles d’obtentions de subventions, rencontres plus fréquentes avec les associations… L’adjointe en charge de ces questions Myriam Le Souëf fait le point sur tous ces dossiers alors que le montant global des subventions va baisser de 3% pour la seconde année consécutive. Une nécessité, nous dit-on, à cause de la baisse des dotations de l’Etat et malgré l’accord sur le swap toxique. Pour autant, « nous souhaitons maintenir la qualité et le travail que font les associations sur la ville. Depuis deux ans, les relations tissées sont de plus en plus positives après un début difficile » explique l’élue qui précise sa vision des choses et évoque ses projets…

« Pour les subventions, la porte n’est jamais fermée »

Le maire Serge Babary évoquait une baisse de 3% des enveloppes de subventions, c’est une baisse uniforme ou variable selon les structures ?

C’est variable car maintenant quand nous octroyons des subventions nous demandons de la part des associations des informations assez précises concernant leur activité, leur rayonnement sur la ville, le nombre de bénévoles et leurs projets. Ce que nous ne voulons pas c’est subventionner des associations dont la finalité propre n’est pas tournée vers les habitants de Tours. Nous voulons travailler dans la transparence. Il nous arrive d’ailleurs, dans le cadre des commissions d’attributions de subventions, de recevoir les demandeurs, de leur demander de nous présenter leurs projets et – grâce à cet éclairage – de prendre la bonne décision. Par ailleurs, pour nous, la porte n’est jamais fermée complétement. Si une année une association perçoit moins de fonds on va lui dire pourquoi de façon à ce qu’elle puisse rectifier le tir l’année suivante.

Quels sont les critères pour obtenir une subvention de la part de la ville ?

Le premier critère c’est l’ancrage local. Nous subventionnons prioritairement les associations basées à Tours. Nous voyons aussi la vitalité : le nombre d’adhérents et de bénévoles, les animations organisées… Une association qui tourne à trois personnes, on a déjà vu et ça ne nous intéresse pas. Le but est de ne pas faire d’entre-soi. L’association a vocation à rassembler un maximum de personnes. 

Un an après, quel bilan faîtes-vous de la mise en place des nouveaux tarifs des locations de salles ?

Avec 2 966 réservations sur l’année, le bilan est positif car on a eu une hausse de 31% de l’utilisation de nos salles en 2015 (environ 2 300 en 2014). Les plannings sont plus remplis et mieux gérés. Avant il y avait un système avec 15 portes d’entrées possibles pour louer une salle, sans uniformisation des tarifs. Une salle de 30 personnes pouvait être louée 25€ aux Fontaines et 65€ pour la salle Albert Camus. Aujourd’hui c’est 30€. Il y a une petite augmentation mais une équité.

« La gratuite des salles existe toujours »

Ce qui n’avait jamais été fait et qui a été commencé en 2013-2014 c’est une analyse complète et très fine du patrimoine des salles. On en a 37, désormais classées en 4 types : les salles de prestige, celles écoles, les salles de spectacles et les salles standard. Pour chacune nous avons mesuré la superficie, analysé la capacité d’accueil, fait l’inventaire du mobilier et vu si du personnel municipal était requis lors de l’utilisation. Cette valorisation nous a permis de faire un calcul du coût des travaux d’entretien afin de définir un tarif au m2.

Est-ce que cette remise à plat a rapporté de l’argent à la ville ?

En 2014, les locations de salles avaient rapporté 100 000€, c’est 150 000€ en 2015. Cet argent va servir pour rénover les locaux et acheter du mobilier pour que l’accueil soit encore plus sympathique.

C’est une mesure qui a été très critiquée, plusieurs associations ont annoncé qu’elles quittaient la ville. Vous le comprenez ?

Dire que nous avons augmenté les tarifs c’est un faux message. On a toujours maintenu le lien et discuté par exemple pour prendre en compte les difficultés de certaines associations dont le travail est remarquable. Du coup on a tout fait pour les garder. On en a perdu deux. Par ailleurs, avant, beaucoup d’associations ne payaient rien du tout alors qu’il y avait des tarifs. Ils n’étaient juste pas appliqués de manière régulière. C’est pour cela que nous avons trouvé un parc en assez piteux état (comme la salle des fêtes de Ste Radegonde que l’on a fait repeindre avec un nouveau rideau).

Enfin, la gratuité existe toujours puisqu’elle est appliquée pour une location sur trois. Si l’association a signé un partenariat avec la ville, au vu de ses actions (humanitaire, solidarité, caritatif), nous pouvons considérer que c’est un prolongement de la politique publique en matière de culture, de santé ou de sport et nous appliquons la gratuité totale. En plus, pour les associations de Tours, il y a d’office 50% de réduction sur le prix. Maintenant, nous faisons également des locations à l’heure et plus seulement à la mi-journée.

Trouver des idées d’animations pour les nouveaux quartiers

Il y a des quartiers où l’on manque de vie associative, à Tours Nord par exemple. Avez-vous une possibilité d’agir pour encourager des créations de structures ?

Un des gros supports sur lesquels on s’appuie c’est les 19 comités de quartier : nous sommes en train de mettre en place une charte de partenariat de façon à ce qu’ils puissent attendre de nous un certain nombre de choses et réciproquement (des animations, le lancement d’opérations ou de manifestations). Sur Tours Nord ça bouge beaucoup vu tous les projets immobiliers mais peut-être que les associations n’y sont pas assez présentes. Il y a un beau tissu mais qui semble manquer de communication. On y travaille donc avec les présidents de comités. Nous leur mettons des locaux gratuits à disposition mais en face nous souhaitons de leur part une véritable animation de certains quartiers ce qui marche par exemple très bien au Sanitas ou pour Lakanal-Strasbourg.

On évoque souvent le manque de commerces dans les nouveaux quartiers que sont les Deux-Lions ou Monconseil mais la vie associative y semble aussi assez faible…

Monconseil c’est une cité dortoir. Les Deux-Lions ça bouge un peu plus mais cela reste compliqué à animer. Quelques opérations marchent bien comme le vide-grenier ou le troc de plantes… Mais il faut trouver d’autres idées, utiliser davantage le relais Internet, faire du petit événementiel. Aux Deux-Lions, ça pourrait avoir lieu autour de la fin des horaires de travail, avant que les salariés et étudiants ne repartent chez-eux.. On pourrait initier certaines choses puis passer le relais à des associations.

Un exemple : on lance l’opération A Fleur de Trottoir qui débute ces jours-ci. On propose aux Tourangeaux de fleurir leur pied d’immeuble et on fourni les graines, le terreau… Le service voirie va faire de petites fosses sur les trottoirs. On souhaite que d’une maison à l’autre les gens s’échangent des conseils, que ça crée un lien ce qui est important dans tous les quartiers. Au bout d’un an, on fera un concours et on décernera un prix aux meilleurs jardiniers. Ensuite, on sensibilisera ces gens pour qu’ils aillent se fournir au marché aux fleurs.

Bientôt des formations pour les bureaux des associations

Vous souhaitez aussi ouvrir une véritable Maison des Associations, ce qui manque aujourd’hui…

Nous voulons la créer dans le même espace que la maison de la réussite, dans l’ancien collège Pasteur. Tours se doit d’avoir une Maison des Associations où l’on pourra venir chercher des conseils et de l’aide. Nous y organiserons aussi des formations pour les présidents ou trésoriers qui doivent parfois faire face à des données juridiques compliquées. Ou encore pour les associations qui ont du personnel. Je veux aussi que les structures se regroupent et travaillent davantage ensemble. Il y a des projets redondants, des associations qui font la même chose, qui rament et galèrent, alors que si elles mutualisaient leurs activités ça marcherait beaucoup mieux. L’union fait la force et ça commence à bouger comme dans les quartiers Blanqui et Mirabeau ou sur Tours Nord.

Pendant les 4 ans de mandat qu’il reste, à quoi peut-on s’attendre dans le domaine de la vie associative, que souhaitez-vous mettre en place ?

Nous allons créer un annuaire des associations en septembre 2016 avec un site pour mettre en avant ce que font les associations. Et bien sûr, il y aura aussi une version papier. aussi. On va aussi poursuivre le travail sur les locaux via une commission d’attribution une fois par trimestre. Toutes les demandes passent par là. La situation est tendue car on s’est rendu compte que certains locaux servent seulement pour du stockage et que certaines structures pourraient être mieux logées. Enfin, parfois, la ville loue des locaux très cher sans répercuter ce prix. Ca, ça va changer.

Propos recueillis par Olivier COLLET

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