Les cheminots se mobilisent pour l’emploi, leurs conditions de travail et les salaires.
Une grosse grève nationale à la SNCF ce n’était pas arrivé depuis juin 2014 et à l’époque elle avait duré 12 jours. Ce mercredi, les plus gros syndicats du ferroviaire se mobilisent (CGT, Sud Rail, FO? CFDT, UNSA) et ça va se ressentir dans les gares de Touraine et de la région Centre-Val de Loire car on comptera en moyenne 1 TGV Atlantique sur 3 au départ de Tours et St-Pierre-des-Corps et un TER sur 3 sur l’ensemble des lignes régionales (vers Orléans, Loches, Chinon, Le Mans, Vendôme, Saumur…) avec en prime des perturbations dès ce mercredi soir 19h (suppression d’un Intercités vers Paris Austerlitz à 21h et de deux trains vers Chinon). Pour mercredi, plusieurs TER seront également remplacés par des bus, surtout dans le département. Bref, service minimum aux heures de pointe et détails des trains qui circulent sur le site www.ter-sncf.com.
Louis-Patrice Vincinaux, secrétaire régional du syndicat FO des cheminots en Centre-Val de Loire explique le mouvement : « c’est la conséquence de la loi sur la réforme ferroviaire d’août 2014. Au 1er juillet, toute notre organisation de travail va être modifiée. Par exemple, les conducteurs n’auront plus minimum 14h de repos chez-eux après le service mais 11h avec possibilité de 10h une fois par semaine; Ils pourront aussi passer deux nuits d’affilée en dehors de leur domicile contre une maximum aujourd’hui. Nous ne nous battons pas pour obtenir de meilleurs acquis sociaux mais pour conserver ceux dont on dispose. C’est une remise en cause complète de notre réglementation qui était garante de la sécurité dans les trains. »
En fait, alors que les conditions de travail de la SNCF étaient jusqu’ici régies par une convention RH, elles seront désormais établies au sein d’une convention collective, et donc réformées. Cette dernière est toujours en négociations mais s’il n’y a pas d’accord, c’est un décret gouvernemental qui s’appliquera, et qui reprend notamment la mesure explicitée par Louis-Patrice Vincinaux ci-dessus. FO dénonce aussi une sorte de mic-mac de l’Etat qui veut contraindre les 3 branches de la SNCF à faire 500 millions d’euros de bénéfices chacune cette année pour compenser le coût annuel de la dette des aménagements ferroviaires en France qui est d’1,5 milliards d’euros : « ce n’est pas la dette des cheminots, elle devait être reprise par l’Etat. »
Autres points : les salaires, « 0% d’augmentation l’an dernier, 0,5% en 2014, on est loin de suivre la courbe de l’inflation » déplore FO à Tours. Enfin l’emploi : « il nous manque une trentaine de conducteurs et une vingtaine de contrôleurs. SNCF ne veut pas recruter et préfère aménager les horaires pendant les périodes de vacances scolaires car elle travaille à flux tendus et n’a plus assez d’effectifs pour remplacer les cheminots en congé. » « Ce qui nous arrive découle de la politique d’austérité du gouvernement » conclut Louis-Patrice Vincinaux. Du coup les grévistes sont appelés à se joindre au rassemblement contre la réforme du code du travail prévu à 10h ce mercredi Place Anatole France. Et si les discussions nationales n’aboutissent pas, l’hypothèse d’une grève reconductible n’est pas exclue.
Olivier COLLET
