Le nombre de voyageurs sans billet dans le bus et le tram baisse mais plus de 15 000 PV ont encore été dressés en 2015.
Keolis Tours veut retrouver son titre de champion de France pour la lutte contre la fraude. Elle est désormais bien loin l’époque où seuls 1,5% des voyageurs tourangeaux voyageaient sans payer dans les bus. Depuis il y a eu l’entrée en service du tram, 6 mois de bugs du système de billetterie sans contact en 2013 et la prise de mauvaises habitudes : « lors de notre dernière enquête en janvier 2015, on estimait la fraude à 6,6% sur le réseau, 4,4% dans le bus et 9,4% rien que dans le tram » explique Vincent Buon, responsable prévention et médiation chez Fil Bleu. Si ces chiffres sont bien supérieurs à 2012, ils sont néanmoins en baisse constante comme semble l’avoir prouvé une enquête de terrain menée en novembre dernier (mais comme son procédé est différent avec la mobilisation d’agents en civil qui observaient les contrevenants sans les verbaliser, aucun chiffre ne nous a été communiqué).
« On ne reviendra jamais à un taux de fraude d’1,5% » précise, lucide, Vincent Buon. Mais pour Keolis, traquer les voyageurs qui prennent le bus ou le tram sans payer et faire baisser leur nombre est un enjeu crucial, car cela reste une entreprise commerciale qui a besoin que les usagers achètent leur ticket pour assurer sa rentabilité (même si on entend déjà hurler ceux qui trouvent que c’est trop cher, mais ça c’est un autre débat, d’autant que ce sont les élus qui votent les prix).
Jusqu’à 18% de fraude la nuit
Si l’on ne dispose pas d’estimation récente de la fraude dans les transports à Tours, on connait en revanche le nombre précis de PV distribués en 2015 : 15 785 soit 500 de plus qu’en 2014 « mais il faut relativiser ce chiffre car entre temps le nombre de voyages a augmenté de 4% pour atteindre 35,5 millions l’an dernier » ajoute le responsable des contrôleurs à la tête d’une équipe de 60 « vérificateurs » sur le terrain 7 jours sur 7 « même le dimanche, tôt le matin ou tard le soir. L’objectif est d’être imprévisibles. » A noter qu’en service de nuit, la fraude atteint 18%, « mais ce n’est pas excessif comparé à d’autres réseaux. »
Mettre des PV, c’est une chose. Se les faire régler, c’en est une autre. Seuls 45% des amendes sont payées : « on essaie donc de maximiser le règlement directement auprès du vérificateur en proposant un coût minoré : 39€ au lieu de 51€50 dans le cas d’une personne sans billet » détaille Vincent Buon. C’est aussi pour cela que la stratégie est sans cesse adaptée sur le terrain : depuis l’an dernier, des contrôleurs en civil s’ajoutent à ceux qui sont en uniforme et verbalisent toutes les personnes qui ne valident pas leur titre de transport dans le bus et le tram. « Depuis le mois d’août on s’est aussi inspirés d’une initiative mise en place à Dijon : le Troc’it. L’idée c’est que le voyageur verbalisé puisse faire annuler son PV s’il souscrit dans les 6 jours un abonnement de deux mois à la boutique Fil Bleu. » Une mesure qui semble avoir des retours positifs, selon le transporteur.
Des incivilités en baisse
Dans l’avenir, des opérations conjointes devraient également être menées par la SNCF et les agents de Keolis multiplient aussi les actions de prévention dans les établissements scolaires (80) ou organisent des opérations de contrôle « blanches » où ils distribuent des flyers avec le montant des amendes au lieu d’un PV, ce qui est censé inciter les récalcitrants à payer : « ce qu’on veut, c’est transformer les fraudeurs en clients » nous répète-t-on à plusieurs reprises.
Dernier enjeu pour Fil Bleu, et non des moindres, les incivilités : l’an dernier, 882 PV (sur les 15 785) concernaient des non-respects du règlement (pieds sur les banquettes…), 59 dégradations de matériel, 54 jets de projectiles et 4 tags de grande ampleur ont également été recensés en 2015, « un peu moins qu’en 2014 » selon Vincent Buon (les tags plus légers n’étant pas comptés, la consigne étant dans tous les cas de réparer tout de suite les dégâts pour donner l’impression qu’il ne s’est jamais rien passé). 10 médiateurs sont également déployés sur le réseau pour dialoguer les voyageurs, les renseigner ou assurer une présence rassurante.
Olivier COLLET
