1 000 élèves tourangeaux plongés dans le noir à la cantine

Ils ont mangé sans voir ce qu’il y avait dans leurs assiettes.

« Elle est où ma serviette ? » demande tout fort un élève dans la cantine de l’école Velpeau de Tours ce jeudi. Essayant de ne pas trop se moquer, l’animateur présent juste à côté lui répond : « dans ta main ». Le petit garçon a une excellente excuse : avec son bandeau sur les yeux, il ne voit plus rien. Comme tous ses camarades d’ailleurs. 3 classes de CM1 et CM2 sont réunies au réfectoire avec le même bandeau pour cacher leurs yeux et ainsi se retrouver dans la peau d’une personne non voyante.

Proposé par la ville à l’occasion de la journée internationale des personnes handicapées, cet exercice a suscité un bel élan dans les écoles tourangelles : 15 établissements dont 9 publics y ont paricipé ce jeudi, soit plus de 1 000 élèves. Une première. Des actions de sensibilisation au handicap sont déjà menées dans les établissements de la ville, lors des temps d’animations périscolaires avec des associations comme l’APF (Association des Paralysés de France) ou Valentin Hauy (spécialisée dans l’aide aux déficients visuels) mais c’est la première fois qu’il y en a une à si grande échelle. « Même l’université était intéressée pour nous suivre, malheureusement les délais étaient trop courts. Ce sera donc pour l’an prochain » précise Aurélie Ossadzow, conseillère municipale déléguée en charge du handicap.

Voici le pitch : l’idée c’est de bander les yeux des enfants et de leur servir à manger en observant leurs réactions. Vont-ils reconnaître les aliments, vont-ils réussir à manger proprement ? Un moment naturellement déstabilisant pour ces élèves qui n’ont pas forcément l’habitude d’être confrontés au handicap. Du coup, un travail a été mené en classe avant ce fameux déjeuner et tous les enfants ont reçu un prospectus après le dessert afin de poursuivre le débat à la maison.

Alors comment ça s’est passé ? A écouter les encadrants, plutôt bien. Par exemple, les enfants ont très vite reconnu les concombres servis en entrée, même si c’était un peu plus compliqué pour les raviolis ricota-épinards accompagnés d’une escalope de volaille. Dans l’ensemble, ils ont mangé proprement mais on les a sentis perdus : sentant notre présence, une jeune fille nous demande par exemple si il reste encore beaucoup à manger dans son assiette et semble très surprise quand on lui dit que oui.

Intrigués et plutôt enthousiastes à l’idée de faire cette expérience, les élèves de Velpeau ont néanmoins eu du mal à garder le masque tout le repas, la plupart l’ont enlevé entre les plats, d’autres se plaignaient d’avoir mal à la tête ou que ça leur tenait chaud. Mais ce qu’ils ont surtout acquis c’est la sensation de ne plus voir. Plusieurs enseignants ont prévu un débriefing à froid pour voir ce qu’ils en auront retenu, ce qui est le plus important. De leur côté, élus et corps enseignants semblaient ravis de l’effet produit. Le procédé ne sera pas forcément reconduit tous les ans mais un processus est enclenché : ainsi l’an prochain c’est sûrement autour de l’emploi des personnes handicapées qu’une grande action municipale sera menée en novembre.

Olivier COLLET

PS : on repart de ce reportage avec un regret. Malgré sa présence, le maire de Tours Serge Babary n’a pas tenté l’expérience du repas à l’aveugle.

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