Au cas où, quel plan de crise pour le SAMU37 ?

Après 11 ans de service au SAMU de Paris, Saïd Laribi a pris la direction du SAMU et des urgences d’Indre-et-Loire au printemps. Entretien après les attentats de Paris qui ont mis en lumière le travail des secouristes de l’urgence absolue.

Au SAMU et au SMUR, on se doute que vous êtes forcément prêts en cas d’événement grave nécessitant l’envoi de nombreuses équipes en plusieurs endroits différents comme ce fut le cas vendredi dernier à Paris ?

Dans chaque département, les SAMU sont organisés avec différents plans de crise comme le Plan Nombreuses Victimes (NOVI) en collaboration avec les pompiers. En pratique, le médecin régulateur reçoit l’appel, envoie une première équipe de secours qui, devant le constat de présence de nombreuses victimes, fait un retour à la régulation pour déclencher une cellule de crise via la direction générale du CHU.

Nous avons alors un protocole écrit pour vérifier la disponibilité de lits, des blocs opératoires ou rappeler du personnel. Mais dans pareille situation – et ce fut le cas à Paris – les gens reviennent spontanément dans les services pour aider. Souvent ce que l’on fait, c’est que l’on double le poste de médecin régulateur : un se concentre sur la cellule de crise et un sur les événements de la vie de tous les jours à ne pas négliger. Autre information importante : nous pouvons faire appel aux SAMU et SMUR des autres départements du Centre-Val de Loire ou des régions limitrophes. D’ailleurs pour Paris, nous avons spontanément proposé notre aide même si au final cela n’a pas été nécessaire. En cas de besoin, nous pouvons être opérationnels en 2h30 dans la capitale.

Le SAMU-SMUR en Indre-et-Loire,  c’est organisé comment ?

Il y a d’abord la régulation médicale. En Indre-et-Loire, la régulation médicale est sur le même site que nos collègues pompiers au CHU Trousseau à Chambray-lès-Tours. Quand vous faîtes le 15, le 18 ou le 112 vous tombez sur ce centre de réception et de régulation de l’alerte (CETRA). Nous y avons un régulateur médical 24h/24. A côté de ça il y a des équipes basées à Loches, Amboise, Chinon, deux à Trousseau et une à Tours Nord (Site de la Clinique de l’Alliance de St-Cyr-sur-Loire). Classiquement, chaque équipe est composée d’une infirmière et d’un docteur. Dans certains cas, on peut envoyer un ambulancier, une infirmière et un docteur. L’objectif est que pour toute urgence vitale, un médecin soit auprès du patient dans les 30 minutes.

Combien de sorties assurez-vous chaque année ?

3 400 sorties SMUR pour les trois seules équipes basées à Tours. Nous disposons également d’un SMUR néonatal 24h/24 pour les enfants de moins de deux ans.

Comment se fait la préparation aux situations de crise ?

Il y a d’abord la formation initiale via – pour certains d’entre nous – une année de spécialisation en médecine de catastrophe. Je l’ai faite à la faculté de médecine de Necker (Service du Pr Carli). L’exercice final fait intervenir des patients fictifs pour voir comment les étudiants gèrent une situation de crise. Nous faisons ensuite des exercices réguliers de mise en situation. Le 17 juin dernier, nous avons ainsi simulé le déraillement de train à St-Pierre-des-Corps, exercice organisé par la préfecture d’Indre-et-Loire. Cela permet aux médecins, notamment les plus jeunes, de se préparer.

Car dans les situations exceptionnelles, vos équipes doivent gérer le stress…

Voilà pourquoi nous faisons des débriefings pour connaître le ressenti de nos équipes.

Après les attentats, allez-vous mener un exercice particulier en Indre-et-Loire, au cas-où ?

On va relire de façon très détaillée les plans de crise actuels pour voir s’il n’y a pas lieu d’adapter et modifier certaines choses pour essayer d’anticiper ce genre d’événements que nous espérons évidemment ne pas voir se produire. L’idée serait de faire au moins un exercice par an.

Vous êtes passé par Paris, quel regard avez-vous sur les opérations de secours menées vendredi dernier ?

Je l’ai dit à certains de mes collègues parisiens : ils ont géré la situation de façon exceptionnelle en parvenant à dispatcher un nombre de victimes important avec de nombreuses urgences absolues – c’est-à-dire des malades très graves – avec un rappel rapide chirurgiens et anesthésistes. On s’en serait bien passé mais on ne peut que les féliciter.

Comment ont-ils ressenti ça ?

129 morts c’est énorme… Il y a beaucoup de tristesse car nous avons perdu une jeune médecin qui participait à la régulation au SAMU 75. Elle est morte en terrasse d’un des restaurants. Nous sommes endeuillés mais dans ces situations on est surtout motivé par l’idée de sauver un maximum de personnes. Voilà donc l’intérêt de plans de crise écrits en amont. On sait exactement qui fait quoi, qui arrive en premier, ce que ça déclenche comme moyens supplémentaires… Dans ces caslà, on fait appel aux anciens qui aident à canaliser un peu les choses.

Propos recueillis par Olivier COLLET

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