LVOE : Polyamour musical

Immédiatement remarqué dans la sortie de son EP, ce groupe tourangeau presque indéfinissable produit un son unique en son genre.

LVOE n’est pas une faute de frappe. C’est bien l’anagramme de ‘love’ et d’ailleurs ça se prononce comme ça. Ou L.V.O.E si ça vous chante, les membres du groupe ne sont pas si pointilleux. On en rencontre 3 sur 5 autour d’une pinte. Le noyau dur, celui qui fait l’âme de la machine depuis un an maintenant. Romain, Raphaël et Charles-Elie se connaissaient bien avant cette aventure commune. Autodidactes de la musique ils ont tous joué dans d’autres groupes. Puis après de longues soirées ensemble, plein de concerts, « on était à la fin d’une histoire et on a tous eu envie de faire autre chose musicalement, de sortir d’un carcan stylistique. »

La joie d’LVOE aujourd’hui, c’est qu’on peine à les définir, et ça ne les intéresse pas de nous aider à le faire : « notre objectif c’est de mélanger, de nous détacher de nos influences. » Il y aura toujours quelqu’un pour dire qu’il entend telle ou telle sonorité dans les morceaux de leur EP A Misspeling of Love sorti avant l’été, mais ce n’est qu’involontaire et fortuit comme on peut le lire dans les génériques. Par exemple, nous, on voit bien un échantillon de Tame Impala (peut-être parce qu’on a lu qu’ils avaient vu ce groupe en concert) et un peu d’Oasis dans la voix aussi. Pourtant ce qu’ils font ce n’est pas du rock pur, mais un méli-mélo brut et perturbé, enveloppant et captivant. Electro, pop, grunge… Il y a vraiment un enchevêtrement de styles. Une complexité que d’aucuns pourraient trouver brouillonne mais qui au final fait juste d’LVOE un groupe insaisissable pour le plaisir des oreilles. « Les gens qui nous écouteront trouveront leurs influences » glisse Charles-Elie.

Un enregistrement à la campagne et une belle rencontre anglaise

En dépit de sa girouette stylistique, LVOE attire comme un aimant. Y compris les musiciens. Depuis quelques mois, Ben (à la basse) et Marine (à la batterie) se sont glissés dans le moule. « Au départ Ben aurait voulu nous rejoindre comme deuxième guitariste mais nous n’en avions pas besoin. Au final, il s’est trouvé être un excellent bassiste. Né à New-York, il apporte une manière de jouer qui ne sonne pas français » explique le trio Romain/Raphaël/Charles-Elie qui brouille les pistes mais sait ce qu’il veut. Pour la batterie : « on a fait un casting. Marine correspondait exactement. Elle a un style de jeu très carré, adore le hip-hop et amène quelque chose de plus, qui sort des clichés. » Elle a donc trouvé sa place alors que pour l’enregistrement de l’EP, la batterie n’était qu’illusion de post-production.

L’enregistrement d’A Misspeling of Love justement, parlons-en. Une aventure à lui tout seul : « la mère d’une amie connaissait quelqu’un qui avait un corps de ferme en Picardie » explique Romain. Oui, et ? « Ce Jean-Marc l’a restauré et il y avait une pièce dédiée à la musique. On a donc passé une semaine là-bas, au Caméléon. Il y avait l’essentiel : une tireuse à bière, un bon resto routier à proximité une sono montée à la main et 3 000 vinyles. On ne captait presque pas donc on a juste dû donner quelques nouvelles à nos mères respectives. » De là, c’était parti pour « une moulinette collective » à trois : « On est arrivés avec une vingtaine de pistes. On a beaucoup parlé, on s’est engueulés. » Chacun a apporté sa patte, y compris sur les morceaux des autres : « si l’un de nous venait avec une chanson composée de A à Z, il devait s’attendre à ce que tout change. » Un mix trituré, masterise en Angleterre par une figure reconnue : Joe Foster.

Un album pour 2016 ?

Sorti dans la discrétion mais remarqué illico par la scène locale et jusqu’à Paris et au Pérou ( !), l’EP d’LVOE n’est pourtant pas un produit fini : « c’est une grosse maquette, un bilan d’étape, une carte de visite pour travailler sur quelque chose de plus sérieux. On a une marge de progression et très vite on a eu l’envie de continuer. L’EP, c’était des chansons à moitié prêtes. » Sachant que le résultat a déjà mis l’eau à la bouche de nombreux observateurs, autant dire que de tels propos aiguisent encore plus l’appétit mais mettent aussi la pression au groupe : il va falloir impressionner son monde. Dans l’idée ça leur va bien, mais c’est eux qui dictent le planning : « c’est prêt quand c’est prêt. On ne veut pas aller trop vite et prendre notre temps pour sortir un album. » Un disque qui devrait comporter des morceaux de l’EP mais sans doute sous une nouvelle forme : « aujourd’hui, nous ne sommes plus les mêmes qu’en avril par exemple on est encore plus collectifs. »

LVOE n’est tellement pas pressé que le groupe a refusé de nombreuses propositions de concerts ces derniers mois. Le quintet n’en a fait que deux, avec un gros trac pour une équipe pourtant habituée à la scène : d’abord au pub The Pale à Tours puis au Bus Palladium à Paris. « Le live ça a été tout un travail. Avec les deux membres supplémentaires, l’ajout de l’ordinateur et du sampleur… On a presque mis autant de temps à le travailler que l’EP, on ne voulait pas que ce soit une demi-expérience et nous avons donc passé de nombreuses heures au Temps Machine pour le construire ce qui nous a fait redécouvrir nos morceaux. » Constamment en chantier, LVOE est donc un groupe en kit mais très uni, mené par une passion inconditionnelle et une envie de réussite poussée à l’extrême. Le schéma d’une relation d’amour réussie avec le public ?

Olivier COLLET

Et pour écouter LVOE, c’est ici :

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