Village des marques de Sorigny : des visions différentes pour le territoire

Les élus ont montré des différences de points de vue sur le développement du territoire.

Ils sont plusieurs élus de la deuxième couronne périurbaine de Tours à quitter rapidement l’Hôtel de la Métropole ce vendredi soir, sans cacher leur déception. Certains parlent même de « scandale ».

Quelques minutes plutôt, le SMAT*, le syndicat mixte de l’agglomération tourangelle, clôturait sa séance par un vote important. Les élus y siégeant se prononçaient en effet contre l’implantation d’un village de marques dans la zone Isoparc de Sorigny, par une courte majorité de 23 voix contre 21. Si la décision finale revient à la CDAC (Commission Départementale d’Aménagement Commercial) qui choisira au final de délivrer ou non l’autorisation commerciale, ce vote reste important puisque le président du SMAT portera la voix du territoire. Un vote derrière lequel se dessine également une opposition entre le coeur de la Métropole et les communes périurbaines.

Un projet loin de faire l’unanimité

Pendant deux heures, les élus ont échangé leurs points de vue. Faut-il autoriser l’implantation d’un village de marques à Sorigny ? Le projet, soutenu par le maire de cette commune Alain Esnault, a fait beaucoup parlé de lui ces dernières semaines, en ne laissant personne indifférent.

Il faut dire que le village des marques envisagé est d’importance. Celui-ci prévoit de regrouper 150 à 200 commerces exerçant légalement des rabais de 30% sur les prix habituels, le tout dans un esprit de « villages typiques reconstitués » et avec « des parcelles végétalisées ». « Une offre commerciale autant que touristique » prédit même la présentation du projet qui argumente entre autres sur « la lutte contre le e-commerce » et la création de 700 emplois à la clé. Côté impact l’étude ayant servi à la présentation évoque 82 commerces de l’agglomération impactés au pire (sur plus d’un millier) pour 22 à 48 emplois supprimés.

Une étude jugée « peu sérieuse » par le maire de Tours, Christophe Bouchet, qui s’est dit pas opposé à ce type d’initiatives, mais au projet en l’état actuel. Pour ce dernier :  « On ne peut pas prendre de décisions à partir de cette étude-là ». Pour Marie-France Beaufils, la maire de Saint-Pierre-des-Corps : « la lutte contre le e-commerce est un argument pour nous vendre le projet ». Dans l’assistance, plusieurs militants écologistes s’étaient déplacés et avaient même manifesté avant l’ouvertude de la séance. Ces derniers rejettent également le projet, estimant l’offre commerciale déjà importante et suffisante mais surtout jugeant le projet comme incompatible avec le SCOT, le schéma de cohérence territorial.

Oui mais en axant la création de ce villages des marques sur une offre touristique est non commerciale, ce dernier pourrait être cohérent au SCOT en question, à croire Christian Gatard, le maire de Chambray et président du SMAT. Pas de quoi rassurer les écologistes. « le comble, ce sont les scènes de villages. A quel moment est-ce qu’on décide de créer un village artificiel alors qu’on a plein de petits villages autour ? » s’inquiète ainsi Christophe Dupin (EELV).

La métropole contre les territoires voisins ?

Si une partie des débats a tourné sur l’impact de ce village de marques sur les commerces existants, il a été question notamment d’aménagement du territoire et d’équilibre et de réciprocité entre les territoires. Une question majeure, plusieurs élus des communes péri-urbaines accusant à demi-mots la métropole de jouer solo sur ce dossier.

Pour le maire de Sorigny Alain Esnault, refuser ce projet c’est jouer contre la Touraine : « Si ce n’est pas en Indre-et-Loire, le projet ira dans la Sarthe et l’impact sur nos territoires sera le même, sans les avantages » prédit-il.

Pas de quoi convaincre les opposants à l’installation de ce village de marques à Isoparc : « une zone à dominante industrielle, non prévue pour le commerce » pour le maire de Saint-Etienne de Chigny, Patrick Chalon.

Lors de la prochaine CDAC en juillet, le SMAT s’opposera donc officiellement au projet. Reste à savoir ce que la commission décidera. Si le projet devait être validé, les commerçants et notamment la Fédération Départementale des Unions Commerçantes (FDUC) ont déjà prévu des recours et ils ne devraient pas être les seuls.

MG

Photo :militants écologistes manifestants avant la séance (c) Léa Peruchon

*Le syndicat mixte de l’agglomération tourangelle (SMAT) est composé d’élus de la Métropole et des communautés de communes Touraine-Est Vallées et Touraine Vallée de l’Indre.

 

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