Montlouis-sur-Loire : des hélicoptères pour protéger la vigne du gel

Le dispositif est testé ce vendredi.

On se souvient tous de ce qu’il s’est passé il y a un an : par surprise, un grand coup de froid a fait geler les vignes du Val de Loire détruisant au moins 50% de la récolte envisagée pour le millésime 2016, certaines parcelles ayant même été ravagées à 100%. Toutes les appellations tourangelles ont été touchées : sur le Chinonais, le Bourgueillois, à Montlouis, à Vouvray… Alors forcément, après un tel coup de grisou, il fallait réagir.

Passé l’abattement, les viticulteurs se sont vite mobilisés pour trouver des solutions. Dans un premier temps, ils ont été chercher l’appui des pouvoirs publics, dont la préfecture, le Conseil Départemental et la région Centre-Val de Loire. Mais un an après, c’est aussi eux-mêmes qu’ils s’organisent afin de financer un dispositif de lutte contre ce froid qui menace, même si les températures peuvent nous paraître bien douces en ce moment… Il ne faut pas se fier aux apparences.

Car le printemps est très irrégulier : avec un ciel dégagé et ensoleillé, les après-midis sont extrêmement agréables avec quasiment 20°. Ainsi, la météo de ces derniers jours dope les vignobles, les pieds bourgeonnent dans tous les sens… et se fragilisent. Sauf que ciel dégagé, ça signifie aussi fraîcheur matinale. On avait autour de 5° ce jeudi matin dans l’agglomération tourangelle par exemple, et on peut vite s’approcher de zéro en zone rurale. Donc le gel n’est jamais loin. Une poche d’air froid et, paf, d’un coup la vigne peut être victime des gelées blanches et la récolte se retrouver fichue. Sur 5 ans, c’est arrivé trois fois aux professionnels du secteur de Montlouis-sur-Loire qui ont logiquement une grande hantise de vivre encore un coup dur psychologique puis économique.

Ce vendredi matin, deux hélicoptères vont donc survoler les parcelles autour de Montlouis-sur-Loire afin de tester un système de traitement antigel, une première à cette échelle pour la Touraine. Voici comment cela fonctionne : les appareils décollent une demi-heure avant le lever du Soleil, en l’occurrence vers 7h ce vendredi. Équipés d’un thermomètre, ils se dirigent vers les masses d’air chaud en altitude et font en sorte de le ramener vers le sol, vers les vignes, pour éviter que les températures négatives n’abiment les pieds. En 1h, l’hélicoptère peut ainsi survoler 30 hectares et les protéger. Si nécessaire, il peut refaire un second tour quand la température ne grimpe pas assez vite.

Cette technique s’appelle le brassage, c’est d’ailleurs la même que celle des tours antigel, sauf que ces dernières sont par définition fixes. Elle est mise en place grâce à un système d’alerte placé près du sol qui prévient les exploitants si le thermomètre baisse trop ce qui permet de donner le signal de départ aux pilotes.

L’hélicoptère au secours du vignoble, ce n’est pas inédit. Au Canada, en Ontario, on en utilise chaque année depuis longtemps déjà. Dans d’autres régions françaises comme la Bourgogne ou la Champagne c’est aussi parmi l’arsenal à la disposition des exploitants. Parmi les avantages avancés : la réactivité, le coût (200€ pour traiter un hectare) et aussi le fait que l’hélicoptère ne dénature pas le paysage contrairement à une tour antigel.

Le vol organisé ce matin autour de Montlouis-sur-Loire est un test grandeur nature. S’il s’avère concluant, le dispositif sera pérennisé, sachant que le coût est à la charge des viticulteurs. C’est une société de Dierre qui a été mandatée pour l’occasion. Cependant, l’hélicoptère ne peut pas tout. Un exemple : le gel subi l’an dernier c’était une grosse vague de froid. L’air était aussi glacial en altitude, et le brasser n’aurait donc rien pu arranger… Dans un cas comme ça, on se tourne alors plutôt vers les bougies, malgré de lourdes contraintes puisqu’il faut les allumer une à une…

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