Ca sent le roussi pour le centre de Pontourny

Une nouvelle affaire vient entacher la réputation du centre de déradicalisation qui peine à séduire l’opinion.

Et ce qui risquait d’arriver, arriva. Ce vendredi, le centre de déradicalisation de Pontourny situé à Beaumont-en-Véron dans le Sud Touraine fait encore une fois la Une de l’actualité pour de mauvaises raisons. Cet ancien centre pour mineurs isolés devenu le premier « centre de prévention, de réinsertion et de citoyenneté » de France destiné à des jeunes en voie de radicalisation a eu de nouveau le droit aux « honneurs » des médias nationaux à cause d’une affaire pour le moins embarrassante…

C’est Le Monde et Les Dernières Nouvelles d’Alsace qui ont révélé le dossier : un certain Mustafa S, homme de 24 ans, a été interpellé mardi en Alsace. Le motif ? Association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. Le lien en question ? L’un des kamikazes tué au Bataclan lors des attentats du 13 novembre 2015. Et le souci ? Ce fameux Mustafa S serait un pensionnaire du centre de Pontourny, c’est lors d’une permission qu’il aurait été arrêté, ce qui a déclenché dans la foulée une perquisition à Beaumont-en-Véron.

Les éléments sont accablants : le suspect aurait tenté par deux fois d’aller en Syrie, et la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure) aurait elle-même fait part de son opposition à son accueil dans le centre, censé n’héberger que des jeunes tentés par la radicalisation et non pas déjà embrigadés. C’est la promesse ferme qui avait en tout cas été faite aux élus et aux riverains, inquiets. Promesse qui avait déjà semblée être trahie il y a quelques mois quand La Voix du Nord a révélé qu’un pensionnaire du centre était fiché S, entraînant son départ dans la foulée.

Selon la NR, à ce jour, seuls 3 personnes suivent le programme de Pontourny, 5 d’après Le Monde. En septembre, les autorités garantissaient que ce serait complet en ce début 2017 (il y a 25 places, dédiées à des 18-30 ans « volontaires »). Force est de constater que c’est un gros raté. Et sachant qu’il y a 30 personnes dans l’encadrement, ça fait beaucoup si le programme ne fonctionne pas à pelin régime… Voilà en tout cas de quoi redonner pleine légitimité aux riverains de Pontourny qui s’opposent fermement au projet depuis le début, Le Front National va évidemment s’engouffrer dans la brêche également.

Chez les élus locaux, dès ce vendredi matin, le député du Chinonais Laurent Baumel a déclaré que la question de la fermeture du centre se posait. Interrogé en marge des voeux aux forces de sécurité, le préfet d’Indre-et-Loire Louis Le Franc n’a pas fait énormément d’efforts pour soutenir l’équipement et annonce qu’il y aura sans doute une réunion du comité de suivi plus tôt que prévu (à l’origine cela devait être en février), ce comité étant chargé d’évaluer l’évolution du dispositif.

A la presse il précise : « il faut faire le point. A la lumière de ce qu’il s’est passé, certainement qu’il y aura des mesures à prendre. Est-ce qu’il faut renforcer la sécurité ? Comment ça se passe ? Est-ce qu’il faut revoir la façon dont les appréciations sont faites par les services chargés de considérer que tel ou tel individu a le profil requis ? Le risque zéro n’existe pas. Mais je ne suis pas au coeur des investigations ni dans la chaîne de décision ni d’appréciation des profils et d’affectation. »

En tout cas, alors que la France entre en campagne présidentielle et que la sécurité de la population + le terrorisme seront inévitablement de grands thèmes de débats, nul doute que les solutions à mettre en place pour lutter contre la radicalisation feront parler. Et le prochain président de la République mettra sans doute son nez dans l’arsenal de mesures à sa disposition. A l’origine il devait y avoir un centre de déradicalisation dans chacune des 13 régions métropolitaines. D’ici à ce que le plan tombe à l’eau, il n’y a peut-être plus que quelques pas. Les couacs à répétion, les erreurs de communication, le manque de dialogue et les approximations pourraient bien avoir raison d’un projet qui ne paraissait pourtant pas foncièrement mauvais, à la base, ou au moins louable. Aujourd’hui, ça ressemble a du gâchis, à du gaspillage d’énergie et de moyens.

O.C.

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