Des vendanges amères en Indre-et-Loire

Suite au gel du printemps, des milliers de recrutements de saisonniers ont été abandonnés.

Les premiers vignerons du Val de Loire débutent leurs vendanges en ce moment. Mais dans d’autres secteurs comme sur Chinon ou Bourgueil, il faudra attendre la première quinzaine d’octobre. Après deux millésimes précoces en 2014 et 2015, la nature a été rude avec la vigne ligérienne en 2016, une année noire qui va laisser des traces. « On a subi un gel historique comme on en a une fois tous les 25 ans » résume le Bourgueillois Guillaume Lapaque, représentant de l’appellation. Il faut ainsi remonter à 1991 ou 1994 pour retrouver de telles conséquences : « à l’échelle de l’Indre-et-Loire on a perdu la moitié de la récolte, parfois jusqu’à 70, 80 voire 90%. »

Les conséquences sont colossales, estimées à 100 millions d’euros pour les 600 entreprises viticoles du département, sans compter l’impact sur leurs sous-traitants ou l’emploi avec des milliers de postes de saisonniers en moins pour l’entretien des parcelles et pour les vendanges, uniquement à cause de la baisse de la quantité de raisin.

Moins de vin à produire, c’est moins de vin à vendre, et c’est un réel risque de voire baisser l’influence des vins de Loire à l’échelle nationale voire internationale : « il y aura des conséquences économiques dès 2017 pour les vignerons qui n’arriveront pas à fournir leurs clients, notamment les supermarchés. On craint donc de perdre des marchés en 2018 quand on aura de nouveau du vin. Les places auront été prises par d’autres » s’alarme Guillaume Lapaque qui appelle les consommateurs à la solidarité et à continuer à réclamer les vins de Loire.

La solidarité, le seul espoir des vignerons, fatalistes et philosophes face aux caprices du ciel : « ils sont habitués à travailler avec la nature. Après de beaux millésimes en 2014 et 2015, elle a été cruelle en 2016. » Des aides ont été proposées par les pouvoirs publics immédiatement après le coup de froid « ce qui a pu être mis en place l’a été mais on savait dès le départ qu’étant donné l’ampleur des pertes ce ne serait pas suffisant. Les vignerons devront trouver des solutions eux-mêmes » commente Guillaume Lapaque, sans faire de reproches.

Comme on l’évoquait déjà au printemps, on avance l’hypothèse de l’installation de dispositifs antigel… Un embryon de solution : « il faut de l’argent pour les mettre en place. La Chambre d’Agriculture conduit actuellement une étude financée par la région mais on ne pourra pas mettre en oeuvre tout ce que l’on souhaite, soit pour des raisons techniques (il y a 10 000 hectares de vignes en Indre-et-Loire, 250 sont protégés aujourd’hui, ndlr), soit pour des raisons financières. Il est illusoire de penser que l’on pourra tout protéger, comme il est illusoire de croire que l’on pourra maîtriser tous les phénomènes naturels. » Les professionnels du vin s’en remettent donc à l’espoir que, malgré la faible quantité de raisin et la petite taille des grains, le millésime 2016 soit de bonne qualité. Ca semble tout de même bien parti grâce au Soleil estival.

O.C.

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