Déradicalisation ou prévention de la radicalisation ?

La transformation du centre de Pontourny de Beaumont-en-Véron est en pleine réflexion et manque de clarté.

Ce vendredi, le préfet d’Indre-et-Loire Louis Le Franc et le secrétaire général interministériel chargé de la prévention de la délinquance Pierre N’Gahane ont fait une conférence de presse à Tours pour détailler le projet d’implantation d’un « centre de prévention de la radicalisation » sur le site de Pontourny à Beaumont-en-Véron, actuel centre d’accueil pour mineurs étrangers isolés géré par la ville de Paris (article à lire par ici). Globalement, tous se seraient bien passés de l’exercice (y compris les élus locaux présents et prévenus à la dernière minute), d’autant plus que le sujet a attiré les médias nationaux.

Ce malaise s’est ressenti : à de nombreuses reprises, les intervenants ont dû préciser leur pensée, expliciter leurs propos, signe que la communication n’était vraiment pas prête bien que le projet soit sur les rails depuis près d’un an au niveau national et presque trois mois au niveau local. Les éléments de langage n’étaient pas au point. Ca rend le discours plus spontané, mais pour le coup ça brouille aussi sa compréhension et sur des sujets complexes et sensibles, ce n’est pas très bon… D’autant plus que dans ce dossier l’Etat doit encore convaincre les maires du chinonais et la population et que si ce n’est pas le cas il fera marche arrière. D’où la promesse du préfet d’aller aux réunions publiques sur le terrain pour faire de la pédagogie.

Clairement Pierre N’Gahane doit regretter d’avoir lâché à la radio le fait que le projet le plus avancé de centre de déradicalisation était situé en Indre-et-Loire. Désormais, il insiste sur la formule de « centre de prévention de la radicalisation », mais il s’agit bien là de faire oublier à des jeunes des idées noires et de les dissuader de partir dans des zones de conflits. Les représentants de l’Etat n’ont aucun problème à parler d’un outil de lutte contre le terrorisme. Et le public visé ce n’est pas n’importe qui : on parle d’individus qui ont été signalés pour un changement de comportement et que l’Etat veut accompagner dans une autre voie. Il est sans doute caricatural de notre part, mais le terme de « cure de désintoxication mentale » parait approprié pour schématiser les choses.

Par ailleurs, bien que le travail avec les jeunes est prévu pour durer dix mois, on ne sait pas encore s’ils pourront rentrer chez-eux le week-end, dans quelles conditions ils auront le droit de sortir du centre, s’il y aura juste une formation du personnel actuel de Pontourny (une quarantaine de personnes) ou si des spécialistes – et notamment des psychologues – seront recrutés en supplément. Ca fait pas mal de points à clarifier.

Enfin, on nous explique que ce sont des volontaires qui seront hébergés à Beaumont-en-Véron et le mot a été répété à plusieurs reprises. Ca veut dire qu’il faudra d’abord les convaincre de l’intérêt de la démarche. Mais surtout, que se passera-t-il après ? Seront-ils encore suivis pour ne pas les voir replonger ? On risque encore de rester de longs mois sans réponses, le préfet d’Indre-et-Loire indiquant que la prochaine grande communication ce serait sans doute au moment de l’ouverture…

O.C.

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