Centre de prévention de la radicalisation à Beaumont-en-Véron : de quoi parle-t-on ?

Les grandes lignes du projet de requalification du centre de Pontourny ont été présentées ce vendredi.

Au beau milieu du Chinonais, à Beaumont-en-Véron, se trouve le centre de Pontourny qui accueille actuellement des mineurs étrangers isolés. Il compte une quarantaine de salariés et son fonctionnement est géré par la mairie de Paris, mais celle-ci a annoncé qu’elle se désengageait du projet. Alors les élus locaux, le député PS Laurent Baumel en tête, sont montés au créneau pour trouver un avenir au lieu et sauver ses emplois. Ils sont allés voir les différents services de l’Etat et ont proposé d’en faire un centre d’accueil pour les réfugiés. Finalement, à Paris, ils ont eu une autre idée : le transformer en centre de prévention de la radicalisation, dans le cadre du développement d’une politique de lutte contre le terrorisme.

Dans les cartons depuis « 2-3 mois » selon le préfet d’Indre-et-Loire Louis Le Franc, le projet est loin d’être prêt, mais une petite phrase de Pierre N’Gahane, le secrétaire général du comité interministériel de prévention de la délinquance, a précipité la com’. Ce jeudi sur France Inter, il a précisé que le premier centre de ce genre serait situé en Indre-et-Loire. Le rapprochement a vite été fait et, dans la foulée, les élus locaux et grands élus du gouvernement ont été convoqués à une réunion en préfecture ce vendredi matin – en présence de Pierre N’Gahane qui est également venu s’expliquer devant la presse, histoire de déminer le terrain. Et ça n’a pas été simple…

La cible : des individus prêts à partir faire la guerre

« La perspective de centres de prévention de la radicalisation a été présentée dès avril 2015 par Manuel Valls » a rappelé dans un premier temps Pierre N’Gahane, précisant que l’objectif est d’en ouvrir une dizaine sur tout le territoire. Voyant le centre de Beaumont-en-Véron comme « une opportunité », il l’imagine accueillir « des personnes volontaires repérés en amont et sélectionnées en accord avec les préfets. » En clair, des individus radicalisés qui n’ont pas encore été condamnés par la justice, qui ne sont pas sous contrôle judiciaire, mais qui pourraient être tentés de partir « dans des zones de conflits. » En revanche, il ne s’agit pas du tout de faire venir en Touraine des personnes de retour de ces pays.

« Ce sont des publics en rupture avec la société, qui auraient pu basculer dans les addictions, la délinquance ou les sectes. Ils choisissent une orientation qui pense redonner sens à leur vie alors qu’ils se fourvoient. L’enjeu c’est de les repérer pour leur redonner confiance. » « Tout le monde a bien compris qu’on parle d’islamisme » clarifie un élu, le secrétaire général préférant cette formule : « ce sont des personnes qui basculent parfois dans quelque chose qui n’a rien à voir avec la religion puis qui entrent dans une radicalisation religieuse. »

« L’enjeu c’est de leur donner une nouvelle chance »

« Ce sera un travail long, qui s’inscrira dans la durée » a ajouté Pierre N’Gahane évoquant des séjours de dix mois, avec une coupure. Du lundi au vendredi, les pensionnaires du centre rencontreront en particulier des psychologues, se verront proposés ateliers, activités, ou séances sportives : « l’enjeu c’est qu’ils retrouvent leur capacité de discernement, leur libre arbitre. Il faut leur donner une nouvelle chance et des perspectives d’insertion, d’emploi » complète le préfet Louis Le Franc.

Mais l’organisation précise est encore en chantier : « il faudra un règlement pour fixer les règles du jeu. Certains pourront y rester le week-end. Il ne faut pas forcément les faire rentrer dans le contexte dans lequel ils étaient avant. Il faudra aussi que les entrées et sorties soient parfaitement maîtrisées, que le site soit protégé et sécurisé. Nous allons y travailler. » Vu l’ampleur de la tâche, on voit mal comment ce centre pourrait ouvrir d’ici l’été comme cela avait été initialement envisagé, d’autant plus qu’il faudra aussi former le personnel actuel de Pontourny, « une formation longue » nous dit-on.

Les élus demandent la reprise de tout le personnel, sinon ils feront valoir leur droit de veto

Le personnel, d’ailleurs, il est au cœur du débat. Il est important de préciser que l’implantation de ce centre de prévention de la radicalisation reste au conditionnel. « Ca ne se fera pas sans l’accord des élus locaux » martèlent les autorités. Des parlementaires et des maires qui ne sont pas hostiles de nature à ce projet « de sécurité nationale » mais qui émettent des conditions strictes pour l’accepter : « pour l’instant les conditions ne sont pas réunies » annonce le député Laurent Baumel. Ses critères : un engagement pour une reprise totale du personnel et des garanties sur la sécurité du centre pour rassurer la population.

« Dans la réunion d’aujourd’hui nous avons entendu des propos plutôt rassurants mais il n’y a pas encore d’accord définitif » a ajouté le maire de Beaumont-en-Véron Bernard Château. De leur côté, le préfet et le secrétaire général se sont engagés à poursuivre le travail et à se rendre aux réunions publiques organisées dans le chinonais pour expliquer les choses. « La situation est apaisée suite à certaines garanties obtenues ce matin » conclut la sénatrice (PS) Stéphanie Riocreux. Apaisée, peut-être, mais complexe et sans doute loin d’être réglée.

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