Rien de très révolutionnaire dans « Les Visiteurs-La Révolution »

La critique du film sorti mercredi à Tours.

« Deux siècles après quatre-vingt-neuf
Il fallait oser l’inventer
A la télé on fait du neuf
En acquittant la royauté
D’autres seigneurs veillent au grain
Et toi qui vivais comme un bœuf
Ce sont tes maîtres que l’on plaint
A six pieds sous terre
Ton bicentenaire
Ils l’ont enterré bel et bien
Pauvre martin pauvre misère
C’est toujours le peuple qu’on craint »

C’est ce que chantait Jean Ferrat, peu de temps après le bicentenaire de la Révolution française (1), lors duquel il était devenu à la mode, sous l’influence des travaux de François Furet (2) et Mona Ozouf (3), d’absoudre l’Ancien Régime, à tout le moins de dépeindre Maximilien de Robespierre sous les traits d’un psychopathe sanguinaire. Ce que, n’en déplaise à tous ceux qui (re)font l’histoire selon leurs présupposés idéologiques, il n’était pas, ainsi que l’illustre une biographie récente (4), documentée, nuancée, livrant un portrait en clair-obscur de L’Incorruptible.

Avec le énième volet des Visiteurs (5), où Godefroy le Hardi et son valet Jacquouille la Fripouille ont maille à partir avec la Révolution, plus exactement avec la Terreur, l’impression qui reste, une fois vu le film, est un peu la même, tant Jean-Marie Poiré s’emploie à donner une très mauvaise image des hommes du Comité de Salut public, comme du journaliste Marat, caricaturé en diva caractérielle et narcissique. On ridiculise sans-culottes et révolutionnaires, pour mieux apitoyer sur le sort de ces pauvres nobles que l’on raccourcissait sans états d’âme, à la chaîne, grâce à l’invention du docteur Guillotin. Ceci même si, c’est vrai, il arrive à Poiré de rendre visible les détestables habitudes et l’arrogante morgue aristocratique des membres d’une famille de nobles en fuite, projetant de rejoindre leurs congénères émigrés en Autriche. Sans doute pour éviter, en plus de subir les foudres d’une critique unanime à conchier son film, de se faire traiter de réactionnaire.

Ceci posé, tout est-il si mauvais dans ce film pour vous déconseiller de claquer le montant d’une place de cinéma ? Pour être franc, et par-delà la toile de fond politique dont on vient de toucher quelques mots, cet épisode des Visiteurs comporte des scènes assez drôles, pour peu que l’on fasse abstraction de tout le reste et que l’on laisse libre cours à d’éventuels penchants scatophiles. Il est même possible, si on se laisse totalement aller, de passer un moment de divertissement. De là à dire que c’est la meilleure comédie de ces dernières années… Il y a là un pas que nous ne ne franchiront pas. Bref, à vous de voir. Ou pas…

S.P.A.B.

(1) Jean Ferrat, « Bicentenaire », Ferrat 91. Dans la jungle ou dans le zoo, janvier 1991

Pour écouter ce titre : https://www.youtube.com/watch?v=8kNY-xPjThk

(2) François Furet, Penser la Révolution française, Gallimard, coll. « Folio histoire », (1978) 2002, 316 p

(3) Mona Ozouf, L’homme régénéré. Essais sur la Révolution française, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 1989, 239 p

(4) Hervé Leuwers, Robespierre, Fayard, 2014, 427 p, 25 euros

Sur cet ouvrage :

https://blogs.mediapart.fr/yvan-najiels/blog/210115/robespierre-par-herve-leuwers-chez-fayard 

(5) 2016. Durée : 1 h 51 mn.

Bande-annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19561367&cfilm=221713.html

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